People Always Leave

Feuille blanche

J’l’ai pas dit mais c’est la grosse déprime en c’moment. La mort de JoFri, les grosses merdes que j’ai fait au boulot, les clients relous… Un gros ras-l’bol. Envie d’tout claquer et m’barrer avec Sat. Prendre la fuite. Comme y a dix ans. Sauf que c’est pas aussi simple qu’y a dix ans.

Et puis Maguy qui m’fait comme miroiter des trucs. Pour rigoler elle a parlé de quitter son taf pour ouvrir un camion à pizza. Mais pourquoi pas ? ! Et puis elle me propose son aide dans la réno de ma future maison. Mais pourquoi pas putain ? ! Et pourquoi pas y habiter ensemble et ouvrir ensemble ce camion à pizza ? Nan mais bordel, cette fille me rend dingue. Cette fille rend l’impossible possible.

J’ai envie d’une table rase, de repartir de rien. Un nouveau cycle. J’me sens bloquée, limitée, entravée. Pas libre. Pas heureuse.

La messe pour JoFri était vraiment belle. Matthieu a fait un résumé de sa vie tellement touchant. Sans craquer, quelle force ! Chulien a joué. Les gens ont fait de belles éloges. En même temps, c’était quelqu’un qui n’en manquait pas pour les autres. Toujours à nous féliciter, nous encourager. Le gars a passé sa vie à s’occuper de celles des autres, presque au détriment de la sienne. Il est mort seul dans un putain d’lit d’hôpital. Sa femme a pu lui "parler" une dernière fois en visio avant qu’ils le foutent dans l’coma. Mais quelle tristesse putain. Quelle tristesse. Quelle infamie. Quelle injustice. J’crois qu’c’est surtout ça en fait. L’injustice. MA blessure. C’est ça qui me rend amère et inconsolable. La putain d’injustice quotidienne de cette chienne de vie.

J’ai envie d’me barrer. Sur une île. Au soleil. Loin. Seule.

Quel cliché ! En vrai, non, je chargerais Sat et on partirait sur les routes, de France pour commencer. L’été dans l’nord et l’hiver dans l’sud.

Bref, c’est la déprime quoi.