People Always Leave

Warning.

Ce soir, concert du prof de musique à Bru. Il était accompagné de quelques musiciens. C’était sympa.

Ensuite j’ai déposé les parents et j’devais aller chercher mon frangin à sa première boum pas trop loin. J’me souviens m’être demandé quel chemin j’allais prendre. J’ai pris le chemin super sinueux qui passe par les champs. Ca f’sait un bail. Il faut savoir que quand on s’est rendu au concert, Maman me disait que j’roulais trop vite.

C’est à ça que j’ai tout d’suite pensé quand j’suis sortie d’ma voiture. Ma voiture couchée dans l’fossé…

J’ai glissé dans l’virage. J’ai tapé dans l’talus et la voiture s’est arrêtée dans l’ravin.

J’ai pas perdu une minute pour paniquer. J’ai éteint la voiture et mes feux, j’as pas réussi à éteindre mes essuis-glace. J’ai illico pensé à appeler mes parents mais me suis souvenue que j’avais plus beaucoup d’batterie. J’ai prié, mais forcément, batterie morte, portable éteint. C’est là qu’tu t’rends compte à quel point ça sert à que dalle ce truc-là. Alors j’suis sortie d’la voiture. Comme j’étais au fond du ravin j’ai presque dû grimper sur mon siège passager pour en sortir. J’avais oublié mes clefs alors j’les ai attrapée, j’ai fermé ma voiture et j’me suis mis à courir vers le bled le plus proche.

Ca a été long sur le coup. J’voyais pas les maisons se rapprocher. J’avais l’impression d’faire du sur-place. J’ai prié qu’ça ne soit pas vrai. J’ai prié qu’ça ne m’arrive pas vraiment. J’ai prié pour que ma voiture n’ait rien. Parc’que ma voiture c’est ma vie. Ou presque. j’ai failli pleurer à plusieurs reprises, mais j’n’y suis même pas arrivée. J’me suis détestée. Vraiment. J’me repassais les réprimandes de ma Maman dans la tête. J’me disais qu’elle allait m’tuer mais qu’elle aurait bien raison.

J’ai couru. J’étais vite essoufflée. Alors je marchais de temps en temps. Il faisait nuit mais je visualisais bien la route. Enfin les maisons apparaissent. Je les zieute une par une à la recherche d’une fenêtre éclairée. La première sur ma gauche est la bonne. J’ai connu le type qui habitait dedans à une époque. J’avais envie qu’il soit là, qu’ce soit lui qui m’ouvre. C’était son père.

Il a du croire à une blague. J’arrivais même plus à parler, à expliquer c’qui m’était arrivée. Dans ma tentative, il a du comprendre le mot "téléphone" et m’a laissé entrer. J’ai téléphoné à la maison. Quand ma mère a décroché, j’ai commencé par "ne t’énerves pas s’te plaît". J’crois qu’elle a tout d’suite su.

J’lui ai expliqué où j’étais, mais qu’il fallait encore chercher mon frangin. Oui, ok, à tout'.

J’voulais les attendre sur le trottoir mais le gars voulait pas m’laisser sortir. Il f’sait super chaud chez lui. Il m’a fait m’asseoir sur une chaise. C’est là que j’ai commencé à réaliser je crois. J’ai laissé échapper quelques larmes. Il m’a posé des questions. Il sentait ma détresse mais regardait tout d’même son catch à la télé. Ensuite le contre-coup de ma course folle est arrivé. Gorge sèche, du mal à respirer, toux. Ca m’arrive depuis le collège dès que je cours beaucoup. Manque d’entraînement… Il m’a donc donné un verre d’eau.

Il me disait qu’on entendra lorsqu’une voiture arrivera. Moi j’commençait à flipper qu’ils n’arrivent pas. On habite pourtant à 5 minutes.

Après la voisine qui rentre, son fils est rentré aussi. Ils étaient 5 jeunes dans une 206 à me regarder comme s’ils avaient vus un fantôme. Le père a expliqué à son fils. Ce dernier voulait cash appeler les gendarmes. Son père l’a raisonné, heureusement. Il a alors proposé qu’le jeune me ramène à ma voiture et le vieux attendrait mes parents. Ouais parc’qu’en plus le vieux m’a engueulé parc’que j’avais pas mis les warnings et que j’avais laissé tous mes papiers dans la voiture. Il a raison, mais vraiment, ça n’m’a vraiment pas effleuré l’esprit au moment voulu.

Une fois à ma caisse, ça n’a pas pris une minute que mes parents se pointent enfin. J’m’attendais à une engueulade corsée. Bizarrement, ils paraissaient détendus, presque amusés de la situation. On est retourné chez le vieux pour le remercier encore. Papa l’a salué avec un "alors c’est vous le sauveur de ma fille ?". Ha !

Ensuite on est rentré à la maison. Papa a mis une chaîne dans le camion et à toqué chez l’voisin pour un coup d’main. On a embarqué tous les trois, retour sur les lieus. Dure l’image de ma si belle voiture dans l’fossé…

Après réflexion, on a décidé d’la tirer par l’arrière. J’ai vraiment eu peur qu’elle se retourné complètement. J’ai vraiment flipper sa mère. J’étais prête à sauter et tirer ma voiture pour la sauver. Vraiment, j’étais prête à tout. Mais ça a été, elle est sortie facilement et sur ses roues.

Vient la constatation des dégâts avec les "oh nan. Oh nan ! OH NAN CA AUSSI !". En fait il n’y’a que le bloc optique et l’aile à changer. Ma portière est un peu enfoncée et la baguette fixée dessus traîne dans mon coffre, mais sinon ça va. Même mon rétro a bien survécu. Plus de peur que de mal donc.

C’est mon voisin qui a roulé ma voiture pour rentrer. D’après lui la direction n’est pas touchée. Il glissait un peu au début mais c’est parc’que la roue était vraiment pleine de boue et d’herbe.

D’après lui c’est c’qui m’a sauvé d’ailleurs, le fait qu’la terre était molle. C’est en me répétant plusieurs fois qu’j’ai vraiment eu beaucoup d’chance que j’ai pensé qu’Achille m’avait lancé un avertissement. Sérieux cette fois-ci. Parc’que s’il l’avait vraiment voulu, il m’aurait fait bien plus de mal.

C’est mon sixième accident en 1 an de permis. Et encore, j’ai eu les deux premiers sans le p’tit papier rose. Bordel de merde, j’vais finir par me tuer…