People Always Leave

Perry.

Aujourd’hui, c’est vrai que parfois je paraîs vraiment stupide. Hier matin ils ont retrouvé une des juments dans le jardin parc’que j’avais oublié de fermer son parc la veille. La honte. La patronne m’a trouvé comme excuse qu’il faisait noir. Elle est du genre super calme, rationnelle. Lui, il m’a fait la remarque sur un ton pour pas que tu l’oublies. Le soir-même il a lancé accompagné d’un sourire mi-amusé mi-je-plaisante-pas que quiconque ramène Elle dans son parc n’oublie pas de fermer la barrière. Oui Monsieur. Quand Maud a défoncé l’avant de son pickup avec le quad il a rien dit mais nous a bien fait comprendre le reste. Elle, a dit que ça arrive, juste un accident, juste du matériel. Normal. Il doit vraiment nous prendre pour des incapables.

J’ai failli regretté c’que j’ai écrit sur Maud. Mais nan. Elle est comme les autres. Les patrons sont en compétition la journée. Ils veulent qu’on file un coup d’main pour décharger les chevaux quand ils rentrent. Normal. Vendredi soir on avait prévu de sortir. Elle s’est plainte que c’était pas normal qu’on doive les attendre, que c’était trop demandé et même "inhumain". Bon là c’était trop. J’lui ai rappelé qu’si elle est pas contente la porte était là. Elle a compris mais quand même, "ils pourraient rentrer plus tôt". C’est comme ça aujourd’hui. Les patrons sont censés faire en fonction des employés. La blague. Ensuite quand j’veux un peu l’aider avec l’anglais, la conjugaison principalement, impossible de lui expliquer puisque même en français, sa langue maternelle, elle ne sait que dalle. J’lui parle de l’imparfait elle me répond ah ouais mais ça on l’utilise pas quand on parle. Ouais d’accord. Ensuite elle me raconte fièrement qu’à l’école elle en avait rien à foutre et qu’elle avait l’habitude de prendre beaucoup de drogue. "Je comprends pas parc’que je sais c’que ça peut faire mais j’en prends quand même". Ouais ben ça a déjà fait que’q’chose apparemment. Ensuite elle me raconte comment un jour elle a arrêté d’aller au boulot de serveuse qu’elle avait, comme ça, sans prévenir, parc’que la patronne lui avait filé trop d’heures. Voilà. La nouvelle génération.

J’l’aime bien. Elle est marrante et parfois elle m’épate. Mais bordel, c’est une blague ? Quand elle m’raconte que l’école c’est tellement facile alors elle a toujours fait c’qui faut pour passer juste et que sa frangine bûchait à mort pour avoir les meilleures notes sur un ton de presque moquerie, j’suis mal. Elle me met mal à l’aise parc’que j’ai envie d’la traiter d’conne. Quand j’essaie de lui expliquer ce qu’est le prétérit mais que si elle ne connaît pas la conjugaison française à la base, c’est dur, j’me sens obligée d’lui dire que j’veux pas dire par là qu’elle est stupide alors qu’en fait j’le pense. Je suis hypocrite par gentillesse. Parc’que j’veux pas la blesser et j’veux pas qu’il y ait une ambiance de merde au taf et à la maison. Parc’qu’en dehors de ça, j’l’aime bien.