Le coeur éléphant
Le stage Pignon a fait l’effet d’une claque sur moi. En soi j’suis un peu restée sur ma faim parc’que j’crois que j’m’attendais à plus mais depuis je suis comme apaisée. Il m’a fait prendre conscience que rien n’est grave, que les erreurs ne sont pas synonymes de malheurs, qu’il ne faut pas avoir honte ni peur d’oser. Bien sûr il parlait des chevaux, mais moi j’l’applique sur ma vie. Du coup samedi, aux portes ouvertes, j’me suis lachée avec l’orchestre, j’me suis amusée comme jamais et j’ai réussi à entrainer les autres et le résultat c’est que, d’après moi, on a super bien joué et que surtout on a renvoyé une image au top à notre public. Et c’est ça qu’il nous faut, parc’que notre super niveau on le retrouvera jamais. Ensuite, bien sûr, avec Sat, l’effet est immédiat. Le respect est là, mutuel. On a toujours du pain sur la planche mais là, j’le sens, ce n’est qu’une question de temps.
Je reprends le boulot dimanche et c’est vrai je le redoute un peu. Même avec mon état d’esprit apaisée j’ai peur de ne pas tenir sur cette lancée et d’me bousiller le moral à nouveau. J’dois dire qu’ce taf ne m’a pas manqué du tout en tout point, c’est presque comme si j’y avais jamais travaillé. Ca veut tout dire nan ? Comme dit je laisse passer la fin de l’année et puis au printemps j’aviserai. En tout cas, c’est sûr, j’me forcerai pas à continuer si j’en récolte que du mauvais.
Je sens comme un grand chamboulement à l’intérieur de moi. Le fait d’me prendre une année d’plus au compteur y joue un peu. 25 ans c’est l’Age quoi. Je sens que maintenant on va peut-être plus me prendre au sérieux et plus m’écouter. Avant on me jugeait plus âgée que je n’l’étais, maintenant c’est un peu l’effet inverse. C’est vrai que j’suis sérieuse et mature mais aussi un peu fofolle et rebelle, garçon manquée et m’enfoutiste.
Aux portes ouvertes certaines personnes m’approchaient en demandant : "C’est toi la fille qui est partie en Australie ?". C’est comme ça qu’on me présente. Que Cat me définie en tout cas. Ca fait plaisir mais en même temps j’ai pas envie d’être catégorisée comme ça. Parc’qu’après quand les questions plus précises sont posées, j’me sens comme enfermée dans une boîte parc’que j’me rends compte que j’ai mille trucs à dire mais qu’eux ne veulent qu’en entendre 4. J’ai quand même eu une super conversation avec un couple d’une cinquantaine d’années et leur fille un peu plus jeune que moi, surtout quand lui me parlait avec EXACTEMENT les mêmes termes que moi j’ai en tête. J’avais la banane. Et puis quand à la fin ils me disent qu’ils trouvent ça fabuleux qu’à mon âge j’ai déjà une telle prise de conscience alors qu’à leur âge, ils f’ront c’qu’ils peuvent mais ils pensent déjà que c’est trop tard, c’est encourageant quoi.
C’est vrai que je vois que c’est pas donné à tout le monde, la remise en question. Je le vois mais je le comprends pas. Avouer ses erreurs, vouloir changer et évoluer, c’est quand même pas si difficile. Moi, ces 4 dernières années, j’ai l’impression d’avoir fait que ça. J’ai changé 40 678 fois d’avis mais au jour d’aujourd’hui j’suis assez contente de moi et de ma vie. On a peur du changement, on a peur de se regarder soi-même, on a peur de faire des conneries mais on se plaint et on critique sans cesse. Changeons. Changez. Fermez plus votre gueule et écoutez davantage. Je crois que ça part de là, vraiment. Mais il y a écouter et écouter et la différence est énorme. Aussi j’suis sûre qu’avec le temps et l’expérience, moi je ne le perdrai pas, ce pouvoir d’écouter et de remise en question. C’est juste qui je suis, qui j’ai toujours été.