Happy French Day !
Aujourd’hui, je suis plus sur la page d’accueil. Merde. C’était pratique pour lire mes derniers écrits. Anyway.
Etant donné que j’vais bosser seulement les shifts du soir, j’me suis mise à cherche un autre mi-temps. J’espère trouver quelque chose parce que 3 ou 4h par jour c’est franchement ridicule. Demain et après-demain je suis de service toute la journée. Heather a days off. C’est cool pour ma caisse. J’espère que ça va bien se passer, parc’que la patronne desfois, elle me tape vraiment sur l’système…
Therese m’a proposé de rester dans sa maison. En échange de quelques heures de ménage et de chercher son fils à l’école. J’pense accepter, c’est la meilleure façon d’économiser de l’argent… faut que j’y réfléchisse encore.
J’ai écrit à Sylvestre l’autre jour. Je copie-colle :
Sylvestre,
Me voici à Derby depuis environ une semaine. Petite péninsule entourée de mangrove et de crocodiles. Finie la baignade ! Peu importe.
Je fais actuellement du couchsurfing, c’est-à-dire qu’un hôte m’héberge gratuitement pour plusieurs jours. Là c’est une petite famille australienne très sympa qui m’accueille dans leur "study room". La maman est, entre autre, bénévole à la galerie d’art de la communauté aborigène implantée une dizaine de kilomètres en dehors de la ville, la communauté Mowanjum. Et il se trouve qu’on est en période de festival donc j’ai pu moi-même être volontaire et filer un coup d’main pour la mise en place de cette soirée de danses et chants aborigènes. Premier vrai contact avec les black fellow donc. Ils sont pas méchants dans l’fond, j’pense qu’ils sont juste un peu bruts de nature. J’veux dire que ça fait parti de leur culture quoi, de leur façon d’être.
J’étais assez impatiente d’assister à cet événement assez rare tout compte fait. Les abos sont assez pudiques et n’aiment pas trop parler de leur croyance et raconter leurs histoires. Finalement j’étais assez déçue. J’avais en tête les danses polynésiennes par exemple qui sont vraiment jolies à voir, même si tu comprends pas la langue. La danse abo, c’est pas vraiment d’la danse. C’est un conte imagé. Ils racontent des histoires à travers des chants, et les "danseurs" interprètent plus ou moins ce chant. Mais ça peut être très très simple, genre un gars qui cueille des fruits et puis un autre d’une autre tribu le chasse parc’que c’est son arbre. Ou des femmes qui font du pain. En gros chaque chanson dure une minutes ou deux, et ne comprenant pas la langue, ben tu comprends pas grand chose, parc’que les mimes sont pas forcément explicites. Et puis c’est généralement très lent.
J’me sentais mal pour eux à la fin. Le public était principalement composé de white fellows bien sûr, et ça ressemblait franchement à une espèce de zoo-exhibition. J’veux dire que les abos étaient contents de pouvoir parler de leur culture et croyance à travers leur forme d’expression, sauf que personne n’a rien compris. Comme un humoriste qui fait une blague et que personne ne rit dans la salle. Y avait comme un décalage, un vide, entre eux dans leur "milieu naturel" et nous, spectateurs blasés. Certains ont fait genre "ah ouais c’était super génial" et ont applaudi comme des fous, mais, je m’en excuse, tu peux pas trouver ça génial. C’était intéressant, mais si t’es pas dans la culture, c’est très dur à apprécier. Ca reste mon avis après tout…
Expérience intéressante quand même. Surtout qu’en en discutant plus tard avec ma maman-hôte, les abos dans les villes qui collaborent avec les blancs, c’est très très récent. Genre, y a trente ans encore, aux yeux du gouvernement australien (donc anglais), les blacks fellows, c’était des animaux ! C’est comme le temps de l’esclavage des Noirs il y a 300 ou 400 ans de ça. Sauf que c’est aujourd’hui ! Alors y a pas d’apartheid mais il existe tout de même des lois qui exclu les abos.
C’est franchement moche ce qui leur arrive. Depuis que le Blanc-homme-tout-puissant a débarqué au XVIIIème, ils ont perdu de leur mode de vie et de leur culture originelle, parce que le Blanc a pris les tribus, les a déplacé à son grès, les a enchaîné et forcé à travailler, leur a volé leurs enfants sous prétexte de les éduquer, à l’Occidentale bien sûr, et puis leur a finalement "donné" des territoires pour qu’ils puissent établir leurs communautés à nouveau. En gros ça ressemble à : tu prends un papier, tu gribouilles dessous, tu le chiffonne, tu le déchire et tu le jette. Lamentable mais tellement pas surprenant en fait.
Et donc, comme les enfants sont maintenant éduqué à l’Occidentale, ben ils ne perpétuent pas vraiment les traditions aborigènes, et donc leurs enfants non plus. C’est comme ça qu’une civilisation s’éteint. C’est presque un génocide indirecte. Quand tu penses que c’est un des peuples le plus vieux du monde, qui n’a même pas inventé l’arc et la flèche et qui était toujours nomade… changement radical, on peut le dire.
Voici l’Australie d’aujourd’hui. Voilà le monde d’aujourd’hui.
Donc j’suis à Derby, WA, serveuse, me déplaçant en vélo. L’Aventure continue.
Toi, tout baigne ? Ta progéniture se porte-t-elle bien ?
Take care,
Sara
Sa réponse :
Cool d’avoir des nouvelles, j’ai plusieurs fois essayé de te répondre mais je me suis pris des vents internetiques, si ça marche, je te fais un mail...
s
Ca m’plaît.
Otherwise, nothing really. C’est quasi sûre qu’Hélène va venir me rejoindre mi-octobre pour des vacances. J’ai tellement hâte. Ca va être vraiment cool. Et puis les parents préparent aussi leur road trip. Ils hésitent encore au niveau des destinations mais ils peuvent pas vraiment se tromper. De toute façon ils vont kiffer.
Je suis heureuse. Achille, je suis heureuse.