People Always Leave

Grand blanc

Je n’me souviens plus comment on en est arrivé là, si on traversait cet océan sur un bateau ou si on était tout simplement parti à la nage. On était trois, mon père, moi et… Jonch ? Je n’suis plus sûre. On traversait donc cette océan avec comme seul accessoire une planche en bois. Même pas un maillot d’bain. Tous les trois agrippés à cette planche, on "combattait" un grand requin blanc. Un énorme. Le but était de ne pas lâcher cette planche sinon il nous engloutissait tout entier. A trois il ne pouvait rien nous faire. Il tournait autour de nous. Ca a duré un jour et une nuit. Et puis, à un moment, il est venu derrière nous, la gueule grande ouverte, pour nous avaler. Sauf qu’il s’est arrêté pile derrière nous. On était trop large pour sa gueule. Je sentais ses dents appuyer sur ma peau. Tout doucement, presque comme s’il ne voulait pas nous faire de mal, il a tenté de refermer sa mâchoire sur nous. Je sentais la pointe de ses dents descendre gentiment dans ma nuque et mon dos. Puis il s’est arrêté à nouveau. Ca ne passait pas. Je me souviens de la peur, du souffle retenu, de me dire que c’était tout, voilà, que j’allais mourir. Quand il et est parti j’ai rouvert les yeux et je n’en revenait pas d’être encore en vie. Mon père, lui, minimise à mort le truc, du style "ouais bon, c’était juste un requin". Genre on a pas failli mourir. Moi j’suis hallucinée. La troisième personne, elle, est tellement contente que le grand blanc soit parti, qu’elle décide de le prouver en plongeant dans l’océan sombre, car il fait alors nuit. Moi je pète un plomb, je lui crie de pas faire ça, de revenir. Je sens que le requin est toujours là quelque part, terré, en attendant justement une occasion comme celle-ci. Il reviendra à la planche sain et sauf.

Et puis on touche enfin terre. On arrive dans une espèce de grande fête foraine style steampunk un peu crasseuse. On cherche quelqu’un. On nous envoie vers une porte. On entre et une femme est là pour nous restaurer. Là, on a le p’tit Eliott avec nous, je sais pas d’où il sort. Il boit un thé. Et là Mammouh et Chotzi sont là aussi. La femme nous sert un buffet de plats plus bons les uns que les autres. A la fin du repas, le p’tit veut récupérer son thé que Mammouth a confisqué pour qu’il mange. Sauf qu’elle ne le retrouve plus, la femme a dû le débarrasser. Eliott est triste et moi aussi, alors que Mammouth rigole et minimise le truc.

J’me souviens aussi raconter l’histoire du requin mais personne n’en mesure l’importance. Papa minimise toujours et tout l’monde s’en fout.

Et puis il y avait un gars qui garait sa Merco.

Voilà le rêve sur lequel je viens d’me réveiller. Avec le sentiment d’avoir échappé à une mort certaine, qu’il vient de m’arriver un truc extraordinaire mais que personne ne m’écoute et personne n’en mesure l’importance. Gros sentiment d’injustice, marqué davantage par le thé confisqué du p’tit Eliott.

Hier soir j’suis allée voir un match de hand avec Philou. Et puis on est allé chez lui. On a parlé de son cousin et de ses enfants principalement. Gros désaccord sur la vision des autres. Son cousin soi-disant malheureux qu’il cherche à "faire ouvrir les yeux" par amour. Moi j’pense que c’est le problème du cousin s’il est malheureux et qu’y remédier ne pourra venir que de lui-même. Qu’en gros Philou n’a aucun pouvoir là-d’ssus. Lui pense que si, qu’il lui a "mis un coup d’pied au cul". Moi j’pense que c’est se prendre pour Dieu. Et puis la même sur l’éducation des enfants. Il dit être strict avec ses enfants "parc’qu’ils en ont besoin". En fait il donne surtout l’éducation qu’il peut parc’qu’il ne les voit qu’un week-end par mois…

Ma vision de la vie et des autres a bien changée ces dernières années, principalement en côtoyant Greg. Ma vision de l’éducation aussi. Rien à voir avec le traditionnel patriarcat. Et sur ce point-là, on peut penser que c’est facile pour moi qui n’a pas d’enfants. Mais j’ai envie de prouver le contraire.