Game changer
C’est marrant de voir que je l’avais déjà mentionné ici. Tarzan. Alors on va dire que j’vais en parler une bonne fois pour toutes et puis plus jamais.
Je crois que je n’ai jamais été aussi en phase avec quelqu’un. Quelque soit le sujet abordé on se retrouvait. Evidemment au début j’ai cherché à l’impressionner. Tarzan ça fait 3 ans maintenant qu’il est dans mon paysage, que je l’observe de loin, enchaînant ses relations amoureuses. Oui, je le regardais. Oui l’idée de faire le voyage avec lui m’a carrément décidé à participer à ce Centaure. Sans regret évidemment, je ne regrette rien dans ma vie. Même si maintenant j’suis dans une grosse merde…
On s’est rapidement mis à parler de mes voyages, puis de son parcours. Le type a vécu mille vies. Il a tout fait, il sait tout faire. J’ai senti que tout d’un coup il me découvrait. On a causé non-stop les douze heures de voyage. Sans compter la soirée étape au gîte. On a parlé de tout. De TOUT. Ou presque.
Je viens de raccrocher avec John. Clairement, j’suis pas à l’aise. En plus j’suis obligée de parler de Tarzan avec lui…
Et puis voilà quoi, Centaure oblige. La première nuit il est parti 45 minutes avant nous. Très bien, j’étais quasi certaine que j’allais jamais le croiser. A chaque contrôle où je voyais du monde j’espérais qu’il ne soit pas là. Pas pour ne pas le voir, mais parc’que ça voulait dire qu’il galérait pas à mort quoi. Pareil au ravito. En vrai il est rentré 3h avant nous.
Sur la dernière heure, comme j’étais trempée et transie de froid, j’imaginais que quand j’allais rentrer il allait être là à m’attendre, m’aider à me déshabiller pour que je puisse me réchauffer. Il était là, mais il ne m’attendais pas, il dormait. J’ai hésité à le réveiller. Mais merde, déjà qu’il peut dormir convenablement avant la deuxième nuit, j’voulais pas l’emmerder. J’ai pris sur moi, j’ai galéré comme une grande à virer mes fringues détrempés. Et puis quand on a su que la course était finie pour moi, je suis devenue son assistante. Je l’ai aidé à se préparer pour sa deuxième nuit et j’étais là à son retour. Tout était fluide.
Bon, il a pas eu le classement qu’il voulait, il était déçu. Il m’a dit qu’il était désolé pour moi de pas l’avoir fini cette fois-ci. Moi, ça me passe carrément au-dessus. T’façon vu les trombes d’eau qu’on s’était pris samedi, ma motivation en avait pris un gros coup, même si avec mon coéquipier ça se passait super bien ! J’aurais du m’être faite violence pour repartir si j’avais dû le faire… Et en fait, je prenais juste un grand kif à passer tout ce temps avec lui.
Sur le chemin du retour, il m’a dit que malgré le résultat, c’était son meilleur Centaure, notamment dû au fait de ma présence. Il m’a dit qu’il avait pensé à moi durant la course, qu’il s’était demandé si pour moi tout se passait bien. Il m’a dit avoir apprécié certains gestes durant la préparation avant le départ et le fait de l’avoir attendu à son retour. Ca m’a fait bondir le cœur.
En fait, je me suis vue à ses côtés. Lui, le mec le plus gentil, généreux, authentique. L’entrepreneur. L’amoureux des chevaux et de la nature. Aucun chichi. Une simplicité déconcertante. Un naturel incroyable. Une bonté, une justesse. Il a tout ce que je convoite. Il est et a tout ce qui me fait envie. J’me suis vue tout plaquer pour être, vivre et travailler avec lui. Vraiment. Malgré les difficultés, et il m’en a raconté un paquet ! Mais il reste positif, enthousiaste, il voit le verre à moitié plein, il persiste, il s’engage, il lutte. Un grand homme. Je vois pas comment les autres nanas ne l’ont pas vue comme moi je le vois. Comment elles ont pu lui faire du mal alors que c’est un bisounours le gars (il le dit lui-même !). Il a forcément des défauts, des trucs qui vont m’agacer. J’en ai pas vu, alors que j’ai tendance a faire gaffe à ça. Sa maison est pas super propre. Okay, bon. C’est pas une beauté, bon, moi non plus. Il a tendance a être un peu naïf. Il a pas un rond. Il bosse beaucoup. Moi aussi.
J’ai l’impression qu’on a tellement la même vision, les mêmes principes, le même mode de vie, c’est vraiment déconcertant. On est même né dans la même ville bordel ! Il a sorti des phrases que j’aurais pu dire, que je dis tout l’temps ! J’ai l’impression d’avoir rencontré mon alter ego masculin de 10 ans plus vieux.
En plus, il m’a raconté ses déboires avec sa nana actuelle et qu’il a décidé de mettre fin à la relation. Le gars va en plus être disponible…
Voilà.
Et maintenant ?
Bon en vrai, je sais pas vraiment ce qu’il pense. Certaines paroles m’ont laissées penser que… mais j’interprète. Et puis quand j’suis partie de chez lui tout à l’heure aussi. Ses yeux rougis, son regard. J’en pouvais plus, j’suis partie.
J’ai l’impression de vivre un mauvais rêve.
Le temps m’aidera.