People Always Leave

Bouddha

Aujourd’hui je suis toujours chez Xin. Je devais partir demain mais j’ai décidé de prolonger un jour de plus. Ca change pas grand’chose mais demain n’était juste pas le jour.

Ce matin j’ai eu une autre révélation. En fait c’est plutôt un prolongement de pensée sur laquelle je cogite depuis très longtemps. Et en fait après y avoir repensé, j’suis pas convaincue. En fait depuis le début de la conception théorique de mon projet, mes parents sont inclus. J’l’ai déjà dit, j’me vois pas faire ça sans eux. Et puis ils ont également mentionné plusieurs fois qu’ils me suivraient, même ma soeur. Là depuis quelques jours, surement puisqu’en réalité non vivons chez le grand-oncle de Xin et sa femme, j’ai l’idée de, une fois que j’suis installée, de faire également venir Mamie. J’sais bien qu’elle ne voudra pas mais il est temps qu’elle se laisse faire prendre en main. Hors de question de l’envoyer en maison de retraite, je pourrais garder un oeil sur elle moi. Elle pourrait avoir sa dépendance pour garder nos intimités respectives mais elle serait avec moi/nous en permanance et Sissi serait aussi un peu plus "libre". Et puis ça m’est venu : pourquoi pas acheter un grand terrain tous ensemble. Les parents, Mammouth et moi. On achète une putain de propriété qu’on retaperait. On construirait chacun nos maisons séparées. Moi j’monterais ma ferme équestre et on vivrait tous ensemble à la ferme. Pour les gosses c’est parfait. Le potager, le verger et le poulailler seraient communs. J’adopterais un chien, compagnon pour Bibi et les Chotzis surement aussi. Si on le sent bien on essayera peut-être de faire notre propre viande. On vivra d’amour et d’eau fraîche. Si Papa veut en faire une affaire touristique on en parlera et j’suis sûre qu’on trouvera un terrain d’entente. Moi je ferais venir des volontaires pour filer un coup d’main, partager et apprendre. Les parents vivraient une bonne retraite et ne seront pas loin si un jour ils ont besoin d’aide. Mes neveux seront à portée de main et ce s’ra p’t-êt' plus facile s’ils ont besoin d’une baby-sitter. Le dimanche on se retrouverait tous ensemble en famille.

Théoriquement ce serait le pied. Et j’ne doute pas que ça pourrait fonctionner.

Mais. Le voudront-ils vraiment ? Surtout les Chotzis. J’veux dire, Mammouth j’me fais pas d’soucis, mais Chotzi ? Il fait parti d’la famille mais ça veut pas dire qu’il veut vivre avec nous H24, même si c’est pas l’cas. Aussi il vit avec nous depuis pas mal d’années maintenant, mais parfois j’me dis qu’il doit en avoir marre et qu’il a hâte de "couper l’cordon". Aussi j’ai l’impression que c’est moi qui ne veut pas couper l’cordon. Qui ne peut pas. J’me relis et j’ai l’impression d’être un peu une désespérée, une fifille à papa, une tanguy, même si ça fait 3 ans que j’vis pas avec eux. Bien sûr le projet (ou moi) n’exclu pas qu’un jour j’vais fonder ma propre famille, un jour, mais dans le futur proche c’est complètement pas dans mes plans. Et puis merde, on s’entend bien tous ensemble, j’vois pas pourquoi j’pourrais pas en profiter. J’les connais, ils me connaissent, on a vécu ensemble toute ma vie, y a pas d’mal à en vouloir plus. Dans la société d’aujourd’hui on te pousse presque à les détester et presque les traiter en étranger une fois qu’ils sont vieux. Moi j’veux pas. J’aime mes parents, j’veux pas juste venir les voir une fois toutes les fêtes annuelles, j’veux vivre encore des trucs avec eux. Ils m’ont toujours soutenu, j’leur doit tout, ça me paraît normal de les prendre en considération dans mon futur. Et pas que pour m’aider, mais pour qu’eux aussi vivent une nouvelle expérience. Et puis quelque part ça m’fait chier qu’ils doivent se retrouver seuls un jour. Ils vont s’emmerder grave. J’veux être là. J’veux pas qu’ils se fassent du soucis, même si je sais qu’c’est pas l’cas. J’veux qu’ils soient heureux et entourés.

J’ai une autre sorte de révélation aujourd’hui. Xin et moi avons eu une bonne conversation. Elle est cool, c’est quelqu’un de bien, vraiment. Mais nos caractères sont un peu en désaccord. Bref. Elle me raconte que c’est à cause d’une voix dans sa tête qu’elle a décidé d’aller au Népal en vélo l’année dernière. Elle n’a pas de religion mais lors de son voyage elle a cherché, elle a cherché d’où cette voix venait, comment la faire parler à nouveau, comment lui faire montrer le chemin. Elle lui a parlé, elle a été dans des temples bouddhistes, hindous, chrétiens, elle a prié, bref elle a tout essayé. Et puis, au dernier jour de son voyage, un homme bouddhiste s’arrête et amorce la conversation. Xin décide de lui raconter son histoire et le gars lui répond en gros que peu importe la religion, peu importe le dieu, chaque personne doit faire le bien et c’qui est mieux pour elle et son entourage. Dieu est en chacun en gros. C’est toi qui est en charge. Ca m’a fait penser à mon écrit de l’autre jour, de Dieu et son plan pour moi. Peut-être que c’est moi-même qui a un plan pour moi. Peut-être que j’l’ai cherché tout ça. Peut-être que j’l’ai voulu. En fait on croit tellement très peu en nous-même qu’on invente l’intervention d’un être extérieur pour nous glorifier de nos bons actes. Les bouddhistes croient au karma. Je crois que c’est ça. Soit bon et le bon viendra à toi. J’y crois beaucoup. Pas 100% mais une bonne partie. Je crois que nous crééons nous-même l’environnement dans lequel nous vivons. Pas Dieu. Il n’est qu’une projection de nous-même. Nous avons fait Dieu à notre image.