Resto.
Bon ben ce resto était vraiment bien sympa. J’suis arrivée la première. J’me suis assise à la table et la serveuse m’a proposé un apéritif mais j’ai préféré attendre les autres. Pendant ce temps j’ai envoyé un texto à Chou le félicitant de son admission au cycle ingé. J’lui ai même mis un smiley dedans, et tout c’que j’reçois en guise de réponse c’est "Merci". Bon ben OK. En gros c’est sympa mais tu m’saoule quoi. J’ai donc pas insisté. T’façon hier soir il avait pas l’air de vouloir me parler non plus donc voilà…
Enfin bref, les autres sont arrivés, sauf Jul' et Coco parc’qu’il paraît que Jul' a la grippe A. En tout cas elle aurait les symptômes. Ca m’fout les j’tons. J’vais l’appeler demain pour prendre de ses nouvelles. Du coup toute la soirée on arrêtait pas de charier Hélène parc’qu’elle toussait un peu. Mimi voulait plus la toucher et s’éloignait d’elle quand elle parlait. On a bien rit. Et puis y’avait Raph' et Alex. Ils sont vraiment bien sympas ces deux-là. Et j’ai comme l’impression que y’a un p’tit truc entre Raph' et Mimi, mais j’crois qu’ils s’en rendent pas compte. En tout cas ils formeraient un beau couple.
Bon et puis voilà. On a bien bu, on a bien mangé, on a bien discuté et rit. Une fois dehors, Carole a versé quelques larmes au moment de dire aurevoir à Mimi. C’était touchant. J’aimerais bien aussi que quelqu’un pleure pour moi quand je pars. Enfin finalement nan...j’sais pas. Enfin bref, Mimi a dit qu’elle ne pleurerait pas parc’qu’elle revient dans un mois d’toute façon. J’lui ai dit qu’elle oublie pas d’appeler pour qu’on se voit. Elle a dit que y’avait pas de soucis et qu’on lui manquerait. C’est vraiment une fille bien et je sais qu’elle se plaira là-bas. Demain commence sa nouvelle vie…
Et la mienne n’a pas vraiment bougée. Ce soir en discutant avec les autres, ils ont tous parlé de leurs études qu’ils font : fac d’éco, école de tourisme, science po, école d’hôtellerie… j’étais la seule à faire de l’alternance et donc à travailler. J’leur ai fait part de ma routine dûe au travail mais ils n’avaient pas l’air de comprendre. Normal, ils ne savent pas c’que c’est. Et eux sont partis pour de longues études, alors que moi dans 3 ans max j’aurais fini. J’ai l’impression d’être le boulet, celle qui réussi le moins bien, celle qui a choisie la facilité et l’immobilité (ben oui parc’que tous ont des studios ou des coloc’s à St). Ils ont une vraie vie d’étudiante, avec des soirées d’étudiants où la bière est à 1 euro et des virées en ville le soir entre copains (oui parc’qu’ils ont tous le permis aussi). Et moi je reste chez moi, je vis à mille à l’heure et j’ai l’impression de gâcher ma vie. Ce soir, comme parfois, je me sens seule et à part. Différente et isolée. J’me sens pas libre, comme attaché à un boulet. Je suis dépendante et triste de le dire.
Journal, il faut aussi que je te parle d’autre chose. Quelque chose qui va me faire pleurer je le sens. Papa avait RDV chez le pneumologue aujourd’hui. Ils ont toujours rien trouvé de précis mais il semblerait que ça se passe au niveau des poumons. Ils lui ont même donné une liste de maladie qui pourrait correspondre. J’ai halluciné. Mon Papa tousse toute la journée et les médecins lui disent qu’ils aimeraient avoir sa santé tellement elle est bonne, paraît-il. Non mais ils se foutent de la gueule de qui ? ? Moi j’leur fait pas confiance. Ils sont humains, ils font des erreurs et parfois de trop grosses. Comme ma grand-mère qui a failli mourir d’une rupture d’anévrisme à cause d’un incompétent ! Et puis il y a mon voisin aussi à qui on devait faire une radio du bras, ben ils lui ont scanné le mauvais bras ! Faut l’faire nan ? ! J’ai peur Journal. J’ai peur qu’ils trouvent quelque chose de grave chez mon père, mais trop tard. L’autre jour il me disait en rigolant que t’façon s’il mourrait ce s’ra jackpot pour nous. J’ai failli fondre en larmes. Je sais pas c’que j’fais si je perds mon Papa. Je crois que j’aurais plus vraiment le goût de vivre. Il est le premier homme de ma vie et pour moi c’est le meilleur Papa du monde. J’crois que j’m’ennuierai s’il s’rait pas là, ma vie n’aurait plus la même saveur. J’m’en remettrais pas… Et ma mère, n’en parlons pas… Sans mon père elle s’rait complètement paumée. Mon Dieu, comme ça serait dur… Pitié, oh pitié je t’en supplie, me fais pas ça. J’ai déjà perdu des amis, des gens que j’aimais, mais mon Papa, j’accepterais pas… Achille, tu l’sais mieux que quiconque. S’il te plait, fais quelque chose, envoie-nous un médecin qui connaît son boulot. Je leur fais pas confiance. J’ai si peur, je suis si triste, j’veux pas l’perdre. Je t’en supplie…