Nan, nan, rien de tout ça… Mais ça n’est pas "ta vie", comme tu dis, c’est une représentation de ta vie; et ce que je dis ne concerne pas ta vie, dont somme toute j’ignore tout, et que dans tous les cas, je ne me permettrais pas de juger. Je parle juste, d’une part, de l’énergie de l’écriture, et d’autre part, du fait qu’il existe, objectivement, des "clichés" littéraires ou cinématographiques. Je ne sous entends pas que les choses qui t’arrivent dans ta vie sont des clichés, ça n’aurait aucun sens; simplement, un certain nombre de situations, de comportements, de "personnages", font partie d’un répertoire de clichés dont la littérature et le cinéma ont abusé. A partir du moment où tu donnes une forme écrite et publiée à ton expérience, il y a une séparation entre ce que tu as vécu et ce qui apparaît dans le texte; à ce moment-là, il se peut que les histoires vécues deviennent des clichés. Ca ne dévalue pas l’expérience qui a eu lieu dans la vraie vie, mais ça complique considérablement l’écriture; or je trouve que là c’est brillant, parce que justement on n’est pas étouffé par le cliché, alors que si le style ne suivait pas, ça serait chiant à lire.
Sinon je ne me penche pas sur ton oeuvre, parce qu’il est un peu prématuré de parler d’oeuvre, et je ne te donne pas d’appréciations, parce que les appréciations c’est le langage de l’école. Je crois qu’on peut envisager des relations plus saines, et si notre siècle ne jure que par les évaluations (du monde du travail jusqu’à la téléréalité, du pôle emploi jusqu’aux réseaux sociaux), je pense qu’on peut pourtant continuer à dire ce qu’on pense d’une production, et argumenter. Ca n’a rien à voir avec le fait de mettre une note, de distribuer les bons et les mauvais points, bref d’infantiliser l’autre; au contraire, c’est une relation entre adultes responsables, basée sur la bienveillance et la foi dans l’intelligence de l’autre.
Enfin, mais ma phrase était peut être un peu tordue, ton écriture m’inspire une comparaison (avec la musique, voir la note précédente), et non pas m’inspire tout court. Par contre je lis tes textes avec intérêt, et encore une fois, ce ne sont pas les questions psychologiques ou biographiques qui m’accrochent; et pour tout dire, tu aurais tout inventé que ça m’intéresserait quand même.
Quant à l’écriture, c’est surtout pour moi un outil de travail et de réflexion, donc une bonne partie de ce que je fais n’est pas destiné à la publication, et le reste passe par des canaux de diffusion plus ou moins improbables. J’imagine que c’est ce que tu appelles un partage, même si je ne suis pas sûr que le partage soit le seul moteur de la publication.
En espérant avoir un peu précisé les choses.
L.