People Always Leave

Un bon boss.

Aujourd’hui j’ai été une peste au taf. Envers Dra et le boss. C’était vraiment pas beau à voir. J’en suis pas fière. Et le pire c’est que demain j’vais devoir rattraper ça, donc faire la belle.

Le truc c’est qu’le patron c’est pas un patron pour moi. Il veut faire du copinage et agit comme un imbécile et fout la merde dans la cuisine. Il bouge mon matos en permanence, me pose des questions idiotes, ne commande pas mes produits ou commande autre chose et joue l’hypocrite. J’le sens pas. Il a pas d’couilles. Moi il m’faut quelqu’un qui sache de quoi il parle, qui sait c’qu’il veut et qui tape du poing. J’me suis fait descendre plus d’une fois par des précédents patrons parc’que je savais qu’ils le fallait, pour notre bien à tous, et j’les en remercie parc’que ça m’a ouvert les yeux. Il m’faut des barrières, des limites. Lui il m’laisse limite l’insulter et le traiter comme d’la merde. C’que bien sûr je n’devrais pas faire, par respect pour sa personne, mais j’suis désolée j’arrive pas à respecter ce type. J’trouve que la patronne a plus de couilles que lui. J’aime pas cette situation.

Parc’que le truc c’est ça : les employés sont tout l’temps critiqués, mais mon cher, être patron, c’est un putain d’job et c’est pas pour n’importe qui. Si tu sais pas mener ton équipe en bonne entente, si tu sais pas te faire respecter, si t’as pas d’autorité et t’arrives pas à te poser toi-même des limites (parc’qu’en général les employés ne veulent pas être potes avec le patron), ben t’es pas un bon patron. Et le plus dur c’est d’se remettre en question et de changer les choses. Parc’qu’on aime pas le changement et que t’façon c’est la faute des autres.

J’pense beaucoup à Shane. Bosser pour lui me manque beaucoup. Ca c’était un vrai boss, un bon comme il faut. Le boulot c’était ça, les initiatives sont possibles, multiples et récompensées, parler peu mais parler bien, respect mutuel, considération de l’autre, bonne situation (niveau international quand même !) donc bonne référence, et puis le tout arrosé d’une pointe d’humour. Il savait te faire comprendre aussi quand tu f’sais mal ton taf mais sans hausser l’ton, sans même parler d’ailleurs, tout dans l’regard et l’attitude, la culpabilité se ressent tout autant et la leçon est apprise encore mieux. C’est ça qu’il m’faut. L’Autorité. Mais pas celle qui monte dans les tours, nan, celle qui émane directe. Celle qui m’fait m’lever à 3h du mat' pour m’habiller et préparer les ch’vaux direct sans passer par la case café ou p’tit dèj', celle qui m’fait courir comme une dératée à travers le showground pour lui ramener sa veste d’uniforme à temps avant son passage, celle qui m’fait rester debout quasi des heures en tenant sa jument dans le froid pour qu’lui puisse regarder ses concurrents. J’étais dévouée à lui parc’qu’il arrivait à me motiver, à me cadrer, parc’que j’étais fière de bosser pour lui, et encore plus fière que lui soit content de mon travail. Le patron comme moteur. C’est ça. Et au café, le boss, il m’donne tout sauf envie…