People Always Leave

Retour de flamme.

Aujourd’hui, p’tain c’est chanmé.

Donc comme je m’y attendais bien, ma vie idyllique à Derby a pris fin. Avant-hier soir on est sorti au Spini et en sortant du Spini mon vélo n’était plus là. Enfin, mon vélo, le vélo que mes hôtes m’ont gentiment prêtés, le vélo de LIAM en fait. Et ça ça a un peu été sa goutte d’eau de trop, je voyais bien qu’il ne me regardait pas d’un bon œil depuis quelques jours, puisqu’il m’a alors calmement dit que j’étais là car ils me l’ont offerts mais que je ne devais pas oublier que j’étais pas là pour ne rien faire. En gros, fais le ménage comme on te l’a demandé, merci. J’ai répondu calmement que le matin même j’avais passé l’aspirateur et que lundi j’avais nettoyé la salle de bain. Ok, mais la poussière, t’as fais la poussière ? Ah ben non. Ben voilà. La s’maine dernière c’était niquel, et aujourd’hui je rentre et c’est pas nettoyé correctement.

Et voilà. Là, je deviens la Sara qui me fait horreur. Je baisse la tête, refoule en vain mes larmes et mange le plus silencieusement que je puisse. La honte, la colère, la déception, le regret. Tout me submerge. Je ne peux même pas dire exactement ce que je ressentais à cet instant précis. Je suis perdue. Il le voit bien et tente de rattraper le coup. Il veut pas me mettre en colère, est enchanté de ma présence, que je n’ai pas à m’en faire pour le vélo, blablabla. Je ne l’écoute déjà plus. J’ai failli. Point.

Je cherche pas à me justifier, il a raison. Mais mardi, mercredi et jeudi, j’ai eu trois grosses journées puisque les patrons n’étaient pas là (le pied!). C’est à dire je commençais à dix heure moins le quart le matin pour finir à vingt-et-une heure le soir. J’aurais pu effectivement me lever à sept heure pour faire la poussière, j’aurais pu… Bref. A vrai dire, j’l’avais un peu zappée la poussière…

Du coup j’me sens plus du tout le bienvenu ici. En plus, comme je n’ai plus de vélo, je dois marcher pour aller au taf. J’pense que j’en ai pour une heure. Sauf que Liam ne veut pas que je marche après vingt-et-une heure, seule, dans la nuit. Ah ben ouais mais j’fais comment ? Ben tu d’mandes à tes patrons d’te ramener. Ahahahahahaha ! La bonne blague. Sûre qu’ils vont adorer l’idée… Ben moi je leur parlerai qu’il me dit.

Il agit comme s’il était mon père. Comme s’il me privait de sortie. Il me fait peur. Je sais jamais comment le prendre, comment lui parler. Il est PIRE que mon père. C’est un truc de fou. Du coup j’me mets moi-même en position de la fille d’la maison. Pourtant si j’avais 30 ans, il me traiterait pas comme ça, j’suis sûre. Dans sa tête je suis jeune et stupide, voilà tout.

Anyway. Sinon, le point positif dans tout ça, c’est David. Heureusement qu’il est là. Il égaye mes journées au taf. On s’entend super bien. On est un peu sur la même longueur d’onde. On délire. On est bien. Hier j’lui ai dit que j’l’aimais bien. Que j’trouvais ça dommage qu’après Derby on se verra plus, puisque lui doit prendre un bateau d’la Nouvelle-Zélande jusqu’au Chili en passant par l’Antarctique. J’aurais aimé voyager avec lui, un peu.

Sinon avant-hier soir en fait, j’ai rencontré Andrew au Spini, un chauffeur de road train de 20 ans qui ne les fait pas. Mûr pour son âge, intelligent, les pieds sur terre, bosseur, c’que j’aime quoi. Ben ça a pas loupé, j’ai fini dans son "swag". Très pas pratique de faire l’amour dans un swag. Du coup pas la meilleure baise de ma vie, mais c’était pas nul non plus. Il y a le rodéo en ville ce week-end, je devrais normalement le recroiser là-bas. On verra comme ça s’passe.

Ouais parc’que Clint, comme il est de nouveau avec son ex, m’ignore et fait comme s’il me connaissait pas. The story of my life. M’en tape.