Passiflore II
J’voudrais parler de Sat. Mon magnifique cheval qui hier, une fois d’plus, m’a apporté une joie immense. J’voudrais dire qu’après plus de 2 ans à m’occuper d’lui quasi quotidiennement, c’est seulement aujourd’hui que j’pense vraiment apprendre à le connaître. Il me bouscule, il me sort de ma zone de confort, il me force à penser autrement, il m’oblige à me bouger, tout remettre en question et tout essayer. Je dis toujours qu’il est en réhabilitation mais en fait je l’suis tout autant. C’est vrai, il est comme un miroir. Il me renvoie une image parfois/souvent négative et ça me renvoie à moi. Lui doit peut-être changer, mais dans l’histoire je crois bien que c’est moi qui ait changé le plus. Il fait parti de mon évolution, il en est une raison et un acteur.
Il est magnifique, dans son coeur j’veux dire. Il essaye si fort. J’en ai les larmes aux yeux de l’écrire. Ce ch’val me touche tellement. J’ai l’impression que, comme moi, il est hypersensible. Le moindre truc prend une proportion énorme. Il peut être têtu, en colère, frustré ou plein d’amour. Il est gauche souvent et un peu puéril. En fait mon cheval est imparfait et c’est ça qui est beau ! Aucun cheval, comme aucun humain, n’est parfait, mais c’que j’veux dire c’est que j’ai arrêté de vouloir le rendre parfait. Il est comme il est, je compose avec. C’est ça qui le rend magnifique. Il n’empêche qu’on progresse ensemble et c’est ça qui est beau.
Hier je lui ai dis que sa mauvaise manie n’est qu’un rideau, un arbre qui cache la forêt, que c’était pas un vrai problème mais une armure. Qu’il n’a plus besoin de jouer un jeu, qu’il doit me laisser tranquille, qu’il doit arrêter de vouloir être rassuré tout l’temps, qu’il doit apprendre à voler de ses propres ailes. Que lui et moi on va faire de grandes choses, qu’il mérite de voir du monde, de rencontrer d’autres chevaux, de vivre dans des espaces aussi grands que l’horizon. Qu’on y arrivera, qu’un jour tout ça sera de l’histoire ancienne et qu’on s’ra bien putain ! Comme deux vieux amis assis sous le porche d’une vieille ranch house. Un jour on se connaîtra par coeur, on aura plus besoin d’se parler, on le f’ra juste par plaisir. Ce jour-là sera un Trésor, en quelques sortes. Mais là, toi et moi Sat, on y va encore au triple galop de Notre Légende Personnelle.
J’te suis reconnaissante d’être dans ma vie même si je t’ai pas "vu" de suite. J’ai senti ton appel et aujourd’hui tu me possèdes. On s’est adopté mutuellement je crois. On s’est bien trouvé. J’veux juste ton bonheur, une certaine paix intérieure, la meilleure santé possible. J’veux qu’on grandisse et vieillisse ensemble mon pote. J’veux qu’on voyage ensemble. T’es ma bouche à nourrir et j’suis ta confidente.
T’es d’accord mon beau ? On y va alors ?