Narusawa
Aujourd’hui c’est pas qu’j’ai un mauvais pressentiment mais j’me dis qu’mon retour n’va rien être quelque chose d’extraordinaire. Comme quand j’suis rentrée il y a plus d’un an maintenant. J’vais retourner habiter avec mes parents pour au moins deux ans apparemment puisque Papa n’est pas pressé de construire la maison de Franz et qu’il y a encore pas mal de paperasserie à faire. C’est con mais j’ai peur que ça s’passe plus aussi bien qu’avant. J’veux dire j’ai pas changé mais j’ai changé des habitudes que j’ai pas envie d’reprendre. L’un empêche pas l’autre mais j’vaix devoir m’écraser un peu. Comme cette histoire de projet, j’suis pas vraiment sûre qu’ils vont vouloir me suivre. J’veux dire, j’suis partie un peu loin dans mes fantasmes, ils ont aussi une vie, leurs problèmes etc. Donc bon, tout ça va devoir se passer en douceur. J’vais devoir me calmer et faire les choses une par une, et moi-même pour commencer. En fait j’crois qu’j’ai peur de retourner dans ma vie d’avant. J’arrête pas de répéter à qui veut l’entendre que comme j’ai un projet j’vais pas déprimer, j’vais pas vouloir repartir. M’enfin on est sûr de rien, surtout qu’mon projet va prendre des années avant de devenir quelque chose de concrêt. En fait faut j’suis seule. Comme au début.
J’suis chez Tim depuis presque une semaine maintenant. Tim et son monde western. Ca s’passe bien mais je fais rien de vraiment nouveau. Nettoyer des box, longer des chevaux, ramasser des crotins, brosser… Hier après-midi j’ai nettoyé une selle à la brosse à dent. Ca m’a pris 3h30. En fait c’est bien mais j’me fais chier. Tim et Chi sont sympas. Hika comprend bien mais parle l’anglais version "peau-rouge". Barbara l’interne tchèque aussi, mais en plus j’crois qu’elle est pas vraiment intéressée à parler. Et puis Hito-san me parle en Japonais comme si j’comprenais donc bon. J’bosse de 9h à 16h et je passe le reste de mon temps dans ma piaule parc’que ça caille. Les maisons au Japon ne sont pas chauffées, ils utilisent des chauffages d’appoint. J’m’ennuie.
Et puis bon, équitation classique ou western, j’me rends compte que l’un ne vaut pas l’autre, loin d’là. Ce sont principalement des américains qui ont rendu le natural horsemanship et le barefooting à la mode mais ça n’veut pas dire que TOUS les Américains sont partisans. Loin d’là. Chevaux en box H24, en petits box, très petits parfois, et puis sombre, très sombre ! Il m’a fait marrer quand il m’a montré le box de "retraite", disons trois fois plus grand que les autres, "comme ça il peut marcher". Haha ! Moui moui. Tous ferrés, à 95% en tout cas. Pour quoi ? Monter dans une carrière de sable ? J’me suis dis que j’devrais lui demander son avis sur la question. J’vais peut-être le faire un d’ces quatre. Y en a un qui a franchement des pieds dégueulasses. Les talons super hauts, pas d’fourchettes, concavité extrême. Le pauvre… Et puis ils sont là à attendre toute la journée. Ils ne font rien. Il attendent. Pas de contacts entre eux. Ils ont debout en stabulation, sur le marcheur ou dans les ronds de longe et ne font que dalle. Comme des outils. on les prend, on les pose, on les utilise, on les range. C’est franchement désolant. Mais visiblement y a que moi que ça désolé. Aussi au moins deux ont des TOC. Ceux qui ont les plus petits box.
Il m’est arrivé un truc marrant l’autre jour. J’nettoyais des bottes et Hito-san est venu me voir. Il sort un sachet plastique de sa poche et en sort ce qui ressemblait d’abord a un abricot séché mais long. J’aime les fruits mais pas séchés. Du coup j’suis un peu réticente, j’demande 5 fois c’que c’est, il me répond en Japonais, du coup j’veux pas être impolie, j’le prend et croque dedans. Ca avait la texture d’un fruit séché effectivement, mais le goût très faible presque sucré. C’était étrange. J’commençais à faire la grimace alors Hito-san a commencé à expliquer et c’est quand j’ai compris le mot tempura que j’ai compris que c’était de la patate douce. Là, tout d’un coup, le goût incertain est devenu bon. C’est devenu quelque chose que j’aime. J’ai donc mâché avec en train et ai gobé le tout. Si j’avais compris que c’était de la patate douce direct j’aurai direct aimé. Mais comme je savais pas c’était bizarre dans ma bouche. Et puis j’ai su et le délicieux goût effectivement un peu sucré de la patate douce m’est venu. Au cerveau en fait, puisque ça l’était déjà dans ma bouche. Psychologie psychologie…
Vais m’préparer pour le taf.