People Always Leave

Moment de lucidité.

Aujourd’hui j’vais pas très bien. J’veux dire j’vais bien mais j’ai comme un mauvais pressentiment. Plutôt une espèce de retour à la réalité, une claque dans la gueule. J’ai eu ma sœur au téléphone ce soir. Ils essayent de faire un deuxième bébé. Prévu pour Mai-juin 2015. Ma réaction est merde je s’rais encore pas là. Sa réaction est quoi mais tu vas pas voyager toute ta vie ! Elle m’engueule presque en mentionnant tout c’qui s’passe en c’moment, en Iraq, en Ukraine… J’lui dis que y a d’autres pays autour et que non, j’irais pas m’balader en Iraq avec mon sac à dos. Elle réagit comme si je l’avais offensée personnellement. Elle m’en veut. Merde, j’pensais qu’je vivais pour moi…

J’ai peur. J’ai peur d’un trop grand décalage. Deux ans c’est trop. J’aurais dû rentrer avant. Je pense à ce que je vais bien pouvoir leur dire. J’ai peur de ne plus me sentir chez moi. Je rentre pour redevenir moi-même mais est-c’que vraiment quelqu’un ici-bas me connaît réellement ? J’veux dire n’importe qui lirait ce journal ne reconnaîtrait pas la personne que je suis. Je n’pense pas.

Ce n’est même pas le retour chez mes parents qui m’inquiète le plus, je pense savoir à quoi m’attendre. C’est de me sentir seule au milieu de mon monde. Je ne m’attends pas à devoir raconter, expliquer, à ce qu’ils posent les bonnes questions ou pas, qu’ils s’intéressent. J’veux pas être le centre d’attention. J’veux retrouver la routine en fait. Qu’on vive tous ensemble comme avant. Ne pas être l’OVNI ou l’étrangère. Ca ce s’rait pire que tout. J’me chie d’ssus putain. J’aimerais arrêter d’y penser mais si j’avais la recette pour ça ça s’saurait…