People Always Leave

La montagne.

Aujourd’hui, pour être tout à fait honnête, j’me chie d’ssus. J’ai parcouru quelques blogs et forums, notamment d’ce podologue équin de Bretagne, et j’me dis que j’ai un monde à apprendre. Clairement, j’suis à la rue. Pourtant j’le veux, j’suis motivée, je sais que j’peux être bonne parc’que ça m’intéresse, et parc’que mon parcours atypique m’est plutôt bénéfique. C’est une montagne. Genre celle sur Mars, de 26 km de haut. Celle que tu mets une vie à grimper. Je peux même pas en voir le sommet en fait. Juste ce massif tronc qui disparaît dans le flou. Parc’qu’en vrai il n’y a pas vraiment de sommet.

J’me demande à quoi je sers, si j’ai été faite pour ça, si moi aussi j’vais avoir un article sur Wikipédia. Tous ces gens ils écrivent des livres. Ca leur promet la pérennité. Et ça marche. Moi j’vais pas écrire de livre, parc’que j’en vois pas l’intérêt. C’est pas mon domaine. Oui c’est vrai j’aimerais me faire un nom, j’aimerais un jour être reconnue pour mon travail, mon bon travail. J’aimerais entendre que je suis dans le Vrai. J’veux pas faire parti des losers, de ceux qui n’évoluent pas et restent dans leur tradition de confort. Je sais que j’vais devoir travailler dur, faire d’énormes sacrifices. J’espère juste que ça payera. Je sais aussi que je s’rais seule dans ma démarche, que j’peux pas vraiment demander de l’aide parc’qu’ils n’ont pas qu’ça à foutre. Ou alors il faudra que j’allonge les billets. Plus probable. J’suis pas d’celle qui ont passé leur vie avec les ch’vaux, j’suis pas née dedans, j’ai pas d’photo de moi à 3 ans chevauchant un trotter d’1m75 bareback. Je sais que j’ai pas besoin d’tout ça, encore une fois j’suis persuadée que mon parcours à d’autres avantages. Mais j’suis jalouse c’est vrai. C’est la classe d’avoir débourré son premier coco à 15 ans, comme Michelle. Ca donne de la crédibilité, même si sa méthode était mauvaise. Un de mes gros avantages, beaucoup ne comprendront pas, c’est d’être parfaitement bilingue. L’anglais dans ce métier est un sacré bonus. A mes yeux. Je connais même plus de vocabulaire équestre en anglais qu’en français. J’m’en suis reconnaissante.

J’ai hâte. J’ai envie qu’ça commence. J’veux plus attendre. J’veux y arriver. J’veux y être. Etre parmi les Grands. Me dire que oui, j’l’ai fait, maintenant je sais, je suis quelqu’un, je fais c’que j’aime, j’suis libre et heureuse, et j’ai fait c’que j’voulais, c’que j’rêvais. Comme partir en Australie. J’en rêvais, j’l’ai fait. Me dit pas qu’exercer un métier est plus difficile que ça.