People Always Leave

Carl.

Aujourd’hui, ces derniers jours, je me suis replongée dans mon ancienne vie, dans mes tout premiers écrits. Je ne parlais que des garçons à l’époque. Dé évidemment, et puis Doudou, et puis mon joueur de maracasses… Je me trouve souvent pathétique et gauche dans ma façon de m’exprimer. Je n’étais qu’une gamine… Mais cependant, seule ici, sous mes draps qui me réchauffent, j’étais comme jalouse de moi-même. Elle est passée où cette fille pleine de fougue qui avait tellement de choses à dire. Cette fille qui ne s’emmerdait pas à écrire les mots en entier, cette fille qui n’attendait rien de la vie et qui la croquait à pleine dent. Cette fille qui avait des rêves plein la tête, enfermée dans son monde adolescent. Elle avait une putain de belle vie quand même. Franchement. Elle en avait une putain de belle vie.

Nostalgique, j’ai décidé d’aller me saouler la gueule dans un pub irlandais. En fait nan parce qu’il me reste genre 400 dollars en poche mais c’était samedi soir dans une ville où je ne connais absolument personne. J’ai donc provoqué le Destin.

J’arrive vers 21h au bar où je demande à la charmante travailleuse au comptoir quand est-ce que le groupe prévu au tableau commence à se produire. 9 ou 10 heure qu’elle me répond. Mmmh. Ok. J’vais pisser et puis j’prends une bière. No worries qu’elle me répond avec un grand sourire. En fait cette serveuse m’a comme draguée toute la soirée. Elle faisait son intéressante devant moi, dansait à grands gestes et me jetait des regards en coin. C’est pas franchement explicite ça ? J’étais flattée parce qu’elle n’est pas degueu mais son comportement un peu enfantin m’a gêné. J’lui ai fait des sourires mais au bout d’un temps j’l’ai ignorée. Elle s’est de toutes façons calmée toute seule quand le relou excentrique du soir m’a tenu la jambe pendant 15 minutes. Ouais tu sais le gars qui est content de montrer son nouveau blouson sans manches doté de cordons élastiques et pochettes de toutes formes pour pouvoir y glisser tout ce que tu n’a plus envie de mettre dans tes poches de pantalon. Ce même gars qui lui aussi veut faire le tour du monde pour pouvoir fumer toutes les cigarettes qui existent et ramener les paquets vides chez lui. Il a même pas eu la galanterie de m’en proposer une de clope. Bref. Là mes oreilles et mon coeur ont commencé à avoir des vertiges donc j’l’ai laissé finir son verre d’eau en silence. Il est ensuite allé pisser et puis m’a serré la main de sa main qui venait sans doute de tenir sa bite sans passer par la case savon j’en suis sûre en m’exprimant son plaisir de m’avoir rencontrer.

C’est à ce moment à pic que j’ai pris ma pinte de Guinesse ? Guiness ? Guinness ? pour me poster en face du chanteur du groupe qui chauffait la salle composée alors des 3 autres du groupe, deux clampins et moi. Mais très vite, un groupe de nana en jupes courtes et talons aiguilles est venu remplir les trous et silences. Ce gars avec sa guitare était magique. Son répertoire c’était ce que son public choisissait. Et même quand le reste du groupe l’a rejoint, la question Any request ? entre chaque chanson était de mise.

C’est après le troisième ou quatrième morceau que Carl est entré. Il s’est arrêté au seuil, a fait un tour d’horizon, s’est arrêté sur moi, est reparti en arrière pour revenir finalement sur moi, la meuf posé dans un coin avec une pinte comme seule compagnie. Il s’est approché de moi et n’a pas attendu pour engager la conversation. Très vite il m’a fait rire et sourire. En réalité je n’ai plus rien vu du concert après ça. Il m’a payé une autre pinte puis un rhum coca dans le bar d’à-côté et puis on s’est fait prendre en photo dans un troisième bar, puis on est revenu à l’irish pub pour négocier avec son pote un aller en taxi. Trop bourré le gars, il voulait encore boire. Carl a quand même décidé de prendre un taxi pour rentrer, moi avec.

Il vit de l’autre côté de la rivière chez ses parents qui ne sont apparemment pas souvent dans cette maison car ils en ont une autre je ne sais où. On a baisé tant bien que mal. Il m’a pas vraiment aidé il faut dire, il n’a pris aucune initiative. C’est bibi qu’a fait tout le boulot. Moi qui ai horreur de ça. Mais bon ça n’a pas été pénible non plus. C’était bizarre. On s’est endormi vers 5h, réveillé 7h, maté un de ses 700 DVDs et puis il m’a ramené au pub où mon vélo m’attendait. Il voulait qu’on aille manger un bout mais j’avais mal au bide et voulait me laver et me brosser les dents. J’ai prétexté mon manque d’appétit et lui ai dit de me texter où m’appeler un peu plus tard dans la journée. Ce qu’il à fait. Il était très fatigué et devait se lever tôt ce matin pour travailler donc on a fixé un RDV ce soir. Il doit passer me prendre après son taf. On ira boire un verre et puis je sais pas.

Voilà. Ma vie du moment. Encore un garçon certes. Mais je suis une adulte maintenant. Plus de sentiments, plus de questions tordues, plus de mal-être, advienne que pourra, basta.

Ça fait plaisir d’avoir quelque chose à raconter.