People Always Leave

Canard laqué

J’ai envie de commencer par une phrase bateau du genre "je vais recommencer à écrire tous les jours" mais fuck that shit.

Je me sens seule. Techniquement je le suis et ça me va. Fondamentalement je ne le suis pas vraiment. Je manque d’affection. J’ai vu Jo en manquer et en chercher il y a 2 semaines. Chez moi, chez la Forêt. Et je me suis vue en manquer aussi et vouloir en chercher maladroitement, et ne pas en recevoir par peur du rejet.

Greg a pris ses distances.

Et puis il y a cette bombe atomique que Gus a lâché sur moi, cette vision d’un nouveau voyage imminent. J’en ai très envie, voire besoin. Ça résonne en moi. En plus de cette idée de relocaliser Sat chez Manu. Le timing est parfait. Mon coeur me dit oui. Manu pas vraiment encore. Je pensais en parler avec lui hier soir mais le moment n’est pas arrivé. Sauf que j’ai besoin d’être fixée maintenant. Je pense l’appeler dans la semaine.

J’avoue aussi que j’ai pris une douche froide hier soir quand Daniel a dit préférer le type Jo que moi. Moi, encore apprêtée du mariage d’Emma, maquillée dans mes nouvelles compensées, ma belle robe aux papillons à laquelle j’aime ajouter une ceinture pour marquer ma taille. Jo, jean sale, droite comme un piquet, le visage marqué, les dents jaunies, quelques dreadlocks du haut de la tête jusqu’au bas du dos, le reste du crâne rasé, le pétard au bec. Hier soir, tout nous séparait. On a beau être nées un même jour, on ne peut pas être plus différente.

Certes, cette comparaison est basée sur l’apparence.

Moi, modérée, discrète mais présente, qui se prend au sérieux, polie, "pimpante et lumineuse".
Jo, têtue, stone, qui veut qu’on la prenne au sérieux, tactile, séductrice.

Ça m’a pris du temps pour pondre ces adjectifs.

En fait ce mal-être est une succession d’événements. Ça a commencé à la soirée chez Jo il y a 2 semaines où on m’a porté pas mal d’attention. La Forêt, ivre, notamment, avec cette phrase : "Elle est très belle et elle le sait pas". Ça m’a piqué. Tony avec ses paroles justes sorties de nulle part. Manu qui m’enlace en dormant. Jo qui cherche de l’affection en me caressant. Pierre qui me fait du pied sous la table. Je me suis sentie attirante, appréciée. Et puis, samedi dernier, Manu avouant que Jo, si elle goûtait moins sa bière à longueur de journée, serait un bon match pour lui. Lui aussi.

Je me compare à elle. Je vois les autres l’aimer et l’apprécier et je me sens mal-aimée.

Elle semble libre, marginale. Elle est cheffe de son entreprise, est seule décisionnaire, maîtrise son domaine, un domaine attirant qui plus est, qui rassemble. Et moi ?

Je l’admire. J’ai cette vision de moi dans cette situation et je galère à la rendre réelle. Le besoin s’en fait de plus en plus ressentir et je ne sais pas par quoi commencer…