People Always Leave

L'amphi.

Je suis retournée au CFAI, pour voir THK, Thomess et Lermu. Je parcourai les couloirs et ouvrai des salles de classe au pif jusqu’à trouver THK. Son prof m’a laissé lui parler sans broncher. J’ai attendu la sonnerie qui n’a pas tardée à retentir. THK n’avait pas cours l’heure suivante, on s’est donc dirigé vers la salle de permanance. Le vieux CFAI ayant fusionné avec le nouveau, cette salle se trouve dans la partie neuve. On est arrivé sur un palier au bout d’un couloir. Les murs étaient peints en jaune. A droite une immense porte en bois massif et à gauche un escalier en colimaçon. Je me dirigeai vers ce dernier quand je remarquai que THK n’était plus devant moi. Il venait de passer la grande porte en bois quand je me suis retournée. Je m’y dirigeai à mon tour, tournai la poignée de fer et… me retrouvai au centre d’un immense amphithéâtre. Le plafond était très haut, l’hémicycle pas très marqué et formait plutôt un quartier. Ca me faisait penser à un tribunal. A gauche, le long du mur, se trouvait des box où des étudiants pouvaient s’installer en groupe autour d’une table. Je jetai rapidement un coup d’oeil dans la pièce et apperçu Thomess au deuxième rang des gradins. Je m’approchai de lui, ôtai ma capuche et le bandage qui recouvrait ma tête. En réalité il recouvrait mes yeux. Aurais-je donc fait tout ce chemin à l’aveugle ? Je m’habituai peu à peu à la lumière naturelle de la pièce. Je saluai Thomess, puis il me dit que les autres étaient dans un des box sur la gauche. On s’installa avec les autres qui bûchaient dans leurs cahiers et bouquins. J’en profitai pour observer un peu plus la salle et ses occupants. Les gradins n’étaient pas forcément pleins et il y régnait une atmosphère calme et studieuse.

Et puis je l’ai vu. Il était à peine un ou deux rangs au-dessus de Thomess tout à l’heure. Il m’avait donc forcément vu le premier. Je le remarquai alors car il s’était levé, était descendu au premier rang en dévalant par-dessus les gradins pour expliquer à un élève un excercice qu’il ne semblait pas comprendre. Mais ses explications montraient un agacement certain mêlé à un comportement trop exubérant de sa part. Il voulait faire son intéressant. Ses sarcasmes faisaient rire l’assistance et l’élève étaient maintenant plus rouge d’une crête de coq. Il réussissait son entreprise, et j’avais comme le sentiment que ce spectacle m’était indirectement adressé. Cependant, mis à part un regard furtif, rien ne me parvint de lui. Ni parole, ni geste, ni attention. Rien.

Pourtant, à la vue de son sweatshirt sale et son jean troué, de ses cheveux mal coupés en bataille et sa barbe adolescente, je sentais bien qu’il vivait un malaise certain depuis quelques temps. Et ma venue soudaine paraissait avoir raviver sa flamme intérieure, comme une lueur d’espoir…

C’est là que je me suis réveillée. Et depuis, Sylvestre n’a pas quitté mon esprit. J’aime penser à lui, à tout ce qu’on a pu vivre ensemble, même en cours. C’est sûr que j’adorerai vivre d’autres choses. Malheureusement ces choses-là ne se commandent pas et demandent généralemen beaucoup de patience. Je ne regrette rien, je n’en souffre pas non plus d’attendre. C’est juste un réel plaisir d’avoir été là dans ces moments et de pouvoir me les repasser librement dans ma tête.