People Always Leave

Peut-être avec le temps à la force d'y croire.

Gaël. C’était le mec que tout l’monde voulait avoir comme pote. C’était le copain que toutes les filles voulaient pour elles. Et lui, il n’en voulait qu’une seule. J’ai jamais compris c’qui lui trouvait. Il devait y voir un côté touchant et attachant à sa folie pourtant évidente.

Il était doué en maths. Il finissait sans difficulté les exos d’la prof. Je crois qu’il aurait été doué en beaucoup d’choses. S’il l’avait voulu…

Il était très attaché à sa mère. Son père le frappait. Je crois.

Le prof de français aussi était à deux doigts d’le frapper, lorsqu’il le tenait par le col contre l’armoire. Et puis aussi lorsqu’il l’a traîné au sol par le cou jusque dans l’bureau du principal.

Il s’est finalement fait exclure du bahut. Deux ans plus tard. Du bahut suivant également, au bout de deux s’maines, et puis celui d’après surement aussi.

Mais ça c’était après avoir frappé Chauvette en plein visage avec un casque de moto.

Et ça c’était après qu’il me fredonne des chansons en SVT pour que j’arrête de lui faire la gueule. Et après que j’entre en bombe en cours d’anglais en le menaçant de lui crever les yeux la prochaine fois qu’il toucherait ma cousine.

C’est un homme de principe. Il ne touche pas les filles. Il ne m’a même pas engueulé. Il était surpris et cherchait juste à s’excuser.

Faut croire qu’avec le temps, tout change. Tout.

Dimanche matin, à 6h du matin, alors qu’il traînait toujours sur la place publique de Mar avec ses potes, il a aggressé son ancien entraîneur de foot. Et sa femme aussi. Je n’sais pas si c’était lui directement, mais il était dans l’coup.

Le Coeur a ses raisons que la Raison ignore, mais la Raison n’a pas de coeur.

Gaël.