People Always Leave

Flash Back.

Je relis continuellement mon passé. Après tout ça sert à ça d’écrire sa vie.

Il y a deux ans, Dé était toute ma vie. Aujourd’hui il n’est plus qu’un souvenir. Heureusement.

Il y a un an c’était William qui occupait la première place dans mon existence. Aujourd’hui, ce temps est révolu également.

Je me parle à moi-même, à haute voix. J’me raconte ma vie. Comme si je parlais à quelqu’un. A Achille bien sûr, mais lui ce sont plus des négociations ou des questions qui nous animent. Tout à l’heure j’m’imaginait arriver chez Dep' et lui raconter comment ma vie a évolué depuis le lycée. J’me suis donc racontée à moi-même ma première année au CFAI, avec tout c’qui s’est passé autour. C’est n’imp' hein ? ! Parfois je discute en anglais avec moi-même aussi. Dans ma voiture surtout. J’aime bien. J’ai toujours peur d’être surprise, mais j’le fais quand même.

J’ai toujours eu une vie parallèle, une vie imaginaire. En primaire, avec Cynthia, on jouait au Powers Rangers. J’étais Maya, la jaune. Elle était la rose. Avec deux poteaux de but et des tracés de tennis on s’est inventé tout un monde ou on combattait les méchants. J’mattait même pas cette série, c’est ça l’pire. Mais avec Cynthia on se sentait mieux dans notre monde imaginaire. On était nous-même. J’me souviens aussi qu’on jouait souvent sur ce grand tas d’terre à la sortie du village. C’était notre île. Il y avait de l’eau autour. On se servait de c’qu’on trouvait sur place pour faire notre petit nid. Pneux, plastique, ficelles bleues de balles de foin, clous, ferraille, branches. Même qu’on avait chopé du nylon (now you loose old nippon) qui trainait dans son garage. Sa mère nous avait autorisé à l’prendre. Sa mère qui nous filait du panaché à boire. On avait 10 ans. J’crois qu’on s’est embrassée elle et moi une fois. J’ai cette image en tête.

Mais je crois qu’elle vient en fait de ma cousine et moi. Avec elle aussi on partait dans une autre dimension. Et souvent quand on jouait elle fesait la maman et moi le papa. J’étais allongée sur elle et on s’embrassait dans sa chambre. En fait, j’ai toujours eu cette attirance pour les filles.

Et puis plus tard, j’avais ma propre écurie derrière la maison, et le muret que l’apprenti de Papa avait bétonné pour s’entraîner, c’était mon cheval. Prince Noir, comme le film. Jinger était la jument. Et Sylvain mon amoureux. J’embrassais le dos d’ma main pour l’embrasser. Ce truc, ça vient encore d’avec Cynthia parc’que les poteaux d’but étaient nos chéris, et on mettait la main avant d’les embrasser, parc’que c’était dégueu'.

Il y a eu mes Bonhommes aussi. Simba, Mufasa, Hercule, Megara, Kévin, Nicolas, Henri, la Bête, Esmeralda, Prince Noir, Jinger, Caroline, Betty… Ils sont tous dans une boîte rangée dans mon mini-dressing. Sauf la Bête que j’ai oublié chez des amis à mes parents un soir. J’avais trop les nerfs, c’était mon préféré.

C’est si bon d’se souvenir.

J’imagine toujours que ma soeur tombe sur ce journal un jour. Elle se souviendrait aussi de tout ça. Elle imitait toujours le rire de Cynthia. Ce qu’elle ne sait peut-être pas, c’est que le départ de cette fille a été un truc bouleversant pour moi. Elle a été ma meilleure amie durant une année. J’avais tenté plusieurs fois d’la retrouver, mais en vain. Aujourd’hui c’est fait mais on a tellement changé qu’on ne se parle pas. Il vaut mieux laisser le passé là où il est.

En tout cas Soeurette, s’tu lis ces mots, ne m’en parle jamais.