People Always Leave

Rendez-vous d'vant ma télé.

Putain. J’veux m’casser. Marre d’ce pays, ces gens, ce paysage, ces habitudes. J’veux voir autre chose. Ca d’vient une priorité.

Toujours ce délai, cette attente qui n’en fini plus. J’me dis que dans quelques années ça s’ra mon tour. Mais si ça, et si, mais et ça, bla bla bla. C’est dev’nu une évidence, mais pourtant j’ai l’impression que je n’atteindrai jamais la lumière, le bout du tunnel. Pourtant y’a pas d’raison. J’vis au jour le jour. Quel est le problème. Y’a pas d’obstacle. Everything gonna be okay. Mes rêves seront mes réalités.

Parfois j’me sens tellement pas à ma place. J’me sens vraiment différente. Au niveau d’ma gente pour commencer. Je hais toutes ces garces qui s’tartine à 5h du mat' pour finalement tirer la tronche toute la journée et servir de décor. Ou celles qui croient qu’elles ne rentrent pas dans l’moule, alors qu’elles n’ont rien de plus, ni de moins. Et puis j’me sens pas vraiment dans mon temps. La technologie, la mode, le matérialisme, l’apparence et l’image donnée de soi. Ces choses devenues vitales pour mes confrères sont tellement futiles à mes yeux. C’est prétentieux d’écrire ça. Mais bordel, faut r’garder la vérité en face. Où va le monde ? !

Quand j’ai vu ce gamin de 12, 13 ou 14 ans s’allumer une clope d’vant l’ciné, l’air de rien, ou sinon d’un p’tit con qui pète plus haut qu’son cul parc’qu’il se pense le nombril du monde alors qu’il n’en est qu’le trou du cul, voire la merde qui en sort, j’ai eu envie d’le gifler, et encore, je laisse mon envie destructrice de côté. J’ai honte quand j’entends mes collègues, à peine plus vieux qu’moi, raconter qu’on ne cherche même plus de bons résultats chez les élèves, on en cherche tout court, mais vu qu’tout leur est servi sur un plateau, ils en glandent plus une. Ils sont insultants envers les profs et avant-tout leurs parents, et, contrairement à il n’y a pas si longtemps, ils font ça avec une vraie méchanceté dans l’regard. Comme s’ils étaient les plus forts, comme s’ils avaient pris le dessus. Mais ils, c’est moi, c’est ma génération. J’ai honte, vraiment honte. Aussi quand je vois ces putains de Français, ou d’occidentaux à la télé, dans un autre pays, une autre culture, qui sont pas fichus d’respecter, de changer leurs habitudes, de fermer leur gueule. Raaaaah ! Ca me met hors de moi ! Je hais ces gens ! J’ai la haine ! J’aurai aucun scrupules à en buter quelques uns.

La modestie, l’humilité, la galanterie, le respect. Des valeurs indispensables à mes yeux. Des valeurs inexistantes autour de moi.

Pourquoi suis-je née dans ce pays ? A cette époque ? J’entends mes parents dire qu’ils ont eu une belle jeunesse, qu’ils sont les derniers. J’aurais aimé être avec eux à cette époque. Pas avec ces images cartonnées toutes photocopiées qui m’font office d’entourage.

Je gerbe à la face du monde. Aussi émétophobe que je suis, c’est presque un miracle, ou l’inverse d’un miracle.

Et si un jour j’arrive au millième de la ch’ville de ce beau monde, par amour Achille, laisse-moi aller jusqu’au bout et te voir enfin.