People Always Leave

Elle est pas belle !

Elle est juste très mignonne.

J’m’attendais pas à la voir hier soir. J’pensais que Didier allait venir seul. Ben non. Ca m’a gêné. Si elle avait pas été là j’aurais pu délirer avec lui, faire comme d’hab'. Mais là y’avait elle. Et j’sais pas, j’avais pas trop envie d’me faire remarqué. J’ai donc passé ma soirée avec William et Petit Canard. Sauf quand Didier me parlait bien sûr. Pourtant j’ai tout essayé ! J’ai fais comme si de rien était, comme si j’l’avais pas entendu, j’essayais de me concentrer à fond sur William pour pas que je tourne la tête vers eux. J’aurais plus ou moins réussi si Monsieur ne m’avait pas posé ses putains d’questions de merde. Du coup j’étais obligé d’le regarder, et j’espère juste qu’il n’a pas senti ma gène. J’ai pas envie qu’il croit que j’suis jalouse ou envieuse ou triste. Non, j’ai tourné la page.

N’empêche j’attends de voir s’il va vraiment me racheter des capotes. J’me fais pas d’illusions. J’vais quand même un peu le tanner pour ça. Voir si vraiment ce type en vaut la peine.

Ouais donc en fait ça a l’air d’être une fille super sympa, super gentille, super bonne, super marrante, super fêtarde, super intelligente, super douée pour tout, super amoureuse. Superwoman quoi. Du coup à chaque fois que j’me marrais un grand coup avec William j’avais l’impression d’être super gamine, super ringarde, super conne, super moche, super grosse et super ininteressante. Superwoman aussi quoi, mais pas dans l’bon sens.

Bref. Comme d’habitude. Le temps, la pilule, le deuil. Ca ira.

L’aut' soir j’ai eu un coup d’folie. J’ai posté trois mots à quelqu’un et à l’instant ou ce fut fait, Dé s’est connecté sur MSN. Choc !

J’étais obnubilée par son oeil en avatar. J’étais HL mais j’avais pas envie d’me connecter. J’ai quand même eu la faiblesse de relire notre dernière conversation et forcément, des larmes ont coulé. Alors j’sais pas pourquoi, une folie instantanée (je la connais bien celle-là), j’ai pris mon téléphone, j’ai écrit les trois mêmes mots et j’lui ai envoyé. Ensuite j’me suis pieuté.

Bien sûr ! Bien sûr qu’il ne m’a pas répondu ! Bien sûr qu’il a dû s’dire que j’me suis plantée de destinataire parc’que ces mots ne veulent rien dire comme ça ! Bien sûr que j’le savais ! Il ne pense plus à moi, il a dû s’dire "Mais qu’est-c’qu’elle m’veut celle-là ? ! Pourquoi elle s’accroche encore ! ? Pourquoi elle m’écrit d’la merde ! ? Elle croit qu’j’vais lui répondre ?!". Bien sûr, non.

M’en fiche, j’me dis que dans 5 ans j’aurais plus l’temps d’penser à lui. Si ce n’est avant. C’est décidé. J’vais me barrer de la France. J’veux pas vieillir ici. J’vais finir mes études et me casser. Peut-être pas tout d’suite en Australie. L’Irlande ça m’plairait bien. C’est plus proche, en cas d’pépin. Et puis le temps de s’habituer à l’anglais. Mais ça j’m’en fous, je sais que c’est pas un soucis du tout.

Je l’sais maintenant. C’est une évidence. J’ai plus peur de pas avoir assez d’thunes, de perdre mes amis, ma famille. Niet. C’est plus conditionnel, c’est affirmatif, c’est pas encore officiel mais c’est formel et définitif.

T’façon, d’ici là, William aura fait une croix sur moi, et si j’ai pas rencontré quelqu’un comme lui d’ici là, ou peut-être même quelqu’un de plus que lui, rien ne me retiendra ici. Le Monde m’appelle, tous les jours. Il m’invite à en découvrir tout ses mystères. Et je veux succomber à cette tentation.