People Always Leave

Selamat jalan.

Aujourd’hui j’suis sur le ferry en direction de Melaka, Malaisie. Ca a franchement été dur de quitter Pekanbaru, Suhai, Bryan et les autres. J’me suis franchement amusée avec eux. J’ai aussi énormément appris sur beaucoup d’choses. J’suis encore qu’au début de mon voyage mais j’me d’mande c’qui peut encore arriver.

Ca a été d’autant plus dur de partir après la super conversation que Bryan et moi avons eut la veille. Jusqu’à deux heures du matin j’ai tenté de lui expliquer comment ma culture me donne la liberté de choisir mon partenaire, de vivre avec lui sans se marier, avoir des enfants hors mariage et pouvoir disposer de mon corps comme je l’entends.

Vois-tu, en Indonésie, c’est un sujet sensible. En fait ils parlent de mode culturelle mais je crois surtout que c’est religieux, 80% de la population étant musulmane. Sarah, par exemple, a 23 ans et va se marier en avril prochain à un jeune homme choisi par sa mère qu’elle a vu deux fois en trois mois. Elle semble heureuse, elle dit que c’est quelqu’un de bien. Sa peur est de ne pas faire une assez bonne épouse pour lui. C’est comme ça ici. Bryan a plus de "chance", il peut choisir sa promise mais doit se marier dans les 4 ou 5 années à venir. En fait il n’a pas encore présenté sa copine à ses parents parc’que c’est tout récent. Je sais même pas comment ils font pour se fréquenter, si c’est genre un commun accord après 3 phrases ou si c’est vraiment une attraction partagée.

Bref. Moi, dans ma vision opposée de la chose, je lui demande ce qu’il en pense, s’il est d’accord ou pas. Oui et nan qu’il dit. Le truc c’est qu’ils ne peuvent pas vraiment avoir d’opinion, c’est juste comme ça. Tradition. Je sais même pas si ça leur traverse l’esprit…

Il me demande quand est-c’que moi je vais me marier. J’ai alors essayé de lui expliquer, en choisissant minutieusement mes mots, que je ne crois pas au mariage, que mes parents ne me forceront pas, que c’est pas grave si je ne me marie pas. Oui mais tu veux des enfants non ? Non, mais même si j’en voulais, je n’ai pas besoin d’être mariée.

C’est là qu’il a pris son courage à deux mains et m’a posé la question cruciale : alors c’est vrai que, dans le monde occidental, à partir de 18 ans, vous pouvez pratiquer le sexe ? Le truc embarrassant a été de lui avouer qu’en fait légalement c’est 15 ans… J’voulais lui faire comprendre c’que c’était, du moins comment moi je voyais ça. Que c’est bon, que c’est un bon moment partagé, qu’on est pas obligé d’être amoureux, que c’est fun aussi, que c’est bien d’essayer avec différentes personnes pour gagner en expériences et se connaître soi-même et que c’est avant tout la recherche du plaisir. Je sais pas s’il a saisi. Pour lui, pour eux, le sexe c’est pour procréer. Il est quand même curieux et me demande comment je fais, où est-c’que je trouve les garçons et si parfois ça se passe juste après l’avoir rencontré. C’était vraiment délicat. J’voulais pas lui faire peur, j’voulais pas non plus donner une piètre image de moi et mon pays. Parc’que franchement c’est c’que ça sonnait : dépravé et complètement fou. Il l’a plutôt bien pris. J’ai donc essayé d’aller plus loin et lui ai dit que pour moi le sexe est un élément important dans un couple, que je ne voudrais pas être avec quelqu’un avec qui ça ne correspond pas sexuellement. Ça j’pense que ça lui a un peu mis une claque. Il n’a rien dit mais il n’en pensait pas moins.

C’était vraiment intense. J’ai vraiment pris mon temps et pris soin de la façon d’en parler. J’voulais pas le brusquer. J’voulais pas le dégoûter. Il croit au mariage, il dit que c’est source d’un grand bonheur. Il a bien été entraîné…

Oui je juge. Ils n’ont peut-être pas tord dans l’fond. Quand tu vois que 50% des mariages chez nous finissent en divorce. Mais bon ça permet aux gens de rester heureux quelque part, d’avoir la possibilité de recommencer plutôt que mourir dans un mariage râté. Je sais pas. Je trouve que les deux cotés ont leurs pour et contre. Mais j’insiste quand même pour le sexe.

C’était franchement un super échange. J’étais contente qu’il s’intéresse et soit curieux. J’lui ai aussi dit que j’espère qu’il sera aussi chanceux que sa future femme le sera. C’est un bon gars. Il est un homme bien. Vraiment bien.

Et puis il m’a ramené à mon hôtel et l’aurevoir a été très court et très formel. On ne s’est même pas serré la main… Par peur de ne jamais lâcher prise, j’aime y croire.

Bryan.