People Always Leave

Port Macquarie.

Aujourd’hui j’ai vécu un truc incroyable. L’autre soir quand j’suis sortie du ciné, j’ai encore fait la pleurnicheuse gamine de quinze ans "beuuuuuuh pourquoi ça m’arrive pas à moi une histoire d’amour comme ça, beuuuuuh, pourquoi je rencontre pas un mec qui me secouerait en me disant que j’peux construire toutes les défenses possibles entre nous, il ne partira pas de sitôt et n’en sera que plus amoureux encore...". Ouais ouais, lamentable je sais. J’ai menacé Achille, j’lui ai dis que j’savais que c’était possible et que de toute façon il n’y a qu’une histoire comme ça qui me convaincra. Bref bref.

C’matin j’me suis levée à 9h30. J’ai traîné à l’auberge alors que j’savais que ma prochaine étape était à 3h de route et que en stop tu ne sais jamais quand tu pars. J’voulais profité de la wi-fi et puis j’ai toujours cette idée en tête que des choses bien m’arriveront quand même, qu’il faut que j’apprenne à suivre mon ressenti, mon instinct. Et j’ai eu raison…

J’suis arrivée sur la route vers 13h30. Un premier gars m’a pris et m’a déposé 10km plus loin à un endroit où, d’après lui, tous les backpackers font du stop et se font ramasser. J’suis restée là peut-être 10 ou 15 minutes et un autre gars s’est arrêté. Je crois que j’l’ai à peine regardé quand j’lui ai d’abord demandé où il allait, mais ensuite quand j’ai chargé mon bardasse, suis montée en passager, ai bouclé ma ceinture et qu’il m’a posé une question et que j’l’ai vraiment regardé (et qu’il me regardait droit dans les yeux aussi !), oh my god… il m’a troublé dès cet instant. Le reste du voyage n’a été que d’autres regards sur regards, plus profond les uns que les autres. Je déteste écrire ça parc’que ça fait vraiment godiche mais on sait faire la différence entre un regard et un regard nan ? J’veux dire on peut mesurer soi-même l’intensité qu’on va mettre dans un regard. Alors oui peut-être que lui ne me regardait pas spécialement intensément mais moi oui, et je sais qu’il l’a capté. Et puis il m’a mis à l’aise direct. J’lui parlais comme si j’le connaissais depuis longtemps, comme un pote. Genre il me dit qu’il aime Katy Perry et me demande de ne pas l’ébruiter, accompagné de son sourire ravageur. Il s’attendait à ce que j’réponde que de toute façon je connais personne à Port Macquarie et que tomber en plus sur quelqu’un qui le connaît lui… ou un truc comme ça. J’lui ai fait : "ben ça dépend, tu offres quoi pour mon silence ? J’pourrais t’faire chanter en fait.". Ca l’a fait marrer. Honnêtement, tu causes comme ça à un mec que t’as rencontré peut-être l’heure précédente et qui est juste censé te déposer quelque part ? En boîte okay, mais un gars qui te prend en stop ? Et puis quand il a fallu se quitter, j’lui ai tendu la main, il a hésité et puis il m’a pris dans ses bras. C’est un truc que tu peux faire avec des gens que tu viens juste de rencontrer certes, mais avec quelqu’un qui t’as pris en stop ? ? J’veux dire par là que la situation n’était pas du tout appropriée ! Tu fais ça quand tu rencontres quelqu’un à la plage ou dans un bar ou peu importe, parc’que ce genre d’endroit prête à la rencontre mais pas dans un bus ou un train par exemple. Enfin je sais pas, j’me gourre surement en fait. Mais ensuite il était là ouais amuse-toi bien, profite, salut, ouais c’était un plaisir, euh, tu veux mon numéro ? MDR ! Il se rattrape : si t’en as envie bien sûr ! Bien sûr que j’l’ai pris son numéro mais maintenant j’suis comme une con avec son numéro, j’en fais quoi ? ? Pffff... ! En plus demain c’est l’anniversaire de sa mère, il a autre chose à foutre que d’me balader à droite à gauche nan ?

Je déteste être la nana qui a le numéro. J’aurais dû lui filer le mien.

J’ai décidé de lui envoyer un texto demain matin au réveil parc’que ce soir il va au resto avec ses parents.

Bon sinon ces derniers jours j’ai eu un peu du chamboulement dans ma tête. Je participe depuis peu à des discussions concernant l’émétophobie en espérant trouver peut-être des réponses à certains de mes problèmes mais j’me suis rendue compte qu’au final l’émétophobie n’était surement qu’une "conséquence", qu’il faudrait que je creuse ailleurs. Cependant poser des mots sur tout ça m’a aidé à y voir plus clair alors je vais commencer une thérapie personnelle. J’vais écrire sur moi, sur tout. J’vais essayer de m’analyser, de m’auto-analyser en fait. J’suis curieuse de savoir. Curieuse de peut-être aussi pouvoir en guérir juste en analysant. Affaire à suivre.