People Always Leave

Beaudesert.

Aujourd’hui, pfff… J’ai déjà perdu toute fois en l’Humanité mais aujourd’hui elle m’a presque fait gerber. Oui, c’est bien l’éméto qui parle.

Aujourd’hui j’suis partie de Byron Bay en stop. 2 Autrichiennes qui font le tour du monde en 7 mois m’ont prises et déposées là où elles sortaient de l’autoroute. J’ai donc dû refaire du stop de là. Déjà que j’aime pas faire du stop sur une artère majeure, ben maintenant j’en suis dégoûtée à vie ! Au bout de 10 minutes un type s’est arrêté. Petite berline, siège bébé à l’arrière, gros gars entre 30 et 35 j’dirais, visage banal, en même temps j’fais jamais vraiment attention à ça. J’lui dit que j’ai besoin de descendre à une sortie un peu plus loin. Il me dit okay. J’commence alors à radoter pour détendre l’atmosphère et paraître cool et ouverte. Il me coupe presque et me demande où je vais au final et pourquoi. Beaudesert pour voir un ami (faux). Il me dit alors qu’il veut bien me déposer là-bas moyennant un prix. J’lui réponds que j’fais du stop pour justement économiser sur les transports. Il me dit que si j’ai pas d’argent on peut s’arranger. Je dis rien, j’me dis que j’dois me faire des films. Ce con insiste : no sex, just touch. Tu gagneras du temps qu’il ose ajouter. I’m not doing that. Sure ? Yes. Alright, I’m gonna pull over here then. Alright. J’suis sortie en quatrième vitesse d’la bagnole, attrapé mes affaires au passage et lancé un bye froid avant de claquer la portière.

Me voilà au bord d’une autoroute super fréquentée, glacée jusqu’au sang, la sensation de souillure partout sur moi et dans ma bouche. Seule au monde. Juste envie de pleurer et rentrer chez moi. Et puis la colère. Je regarde les voitures filer à quelques mètres de moi. Je regarde tous ces pervers degueulasses. Combien sont-ils ? Bande de râtés, de résidus de rien du tout, de déchets ambulants, de vomissures séchées. J’vous gerbe à la gueule ! Je vous hais ! Monde de merde !

Puis, alors que j’ai tout sauf envie de recommencer, j’me rends compte que la seule façon de sortir de cet enfer routier c’est de faire du stop. J’me resaisie en me disant tu l’as voulu Sara, c’est toi qui a choisi cette vie-là. Assume maintenant.

J’ai eu plus de chance par la suite.

J’ai pensé appeler Papa pour lui dire. J’voulais en parler. Mais j’veux pas les inquiéter. Parc’que oui c’est super inquiétant. Ça m’est tombé sur la gueule : j’suis une tarée de faire ça. On dirait que j’suis suicidaire. Et pourtant, depuis le temps que j’lève mon pousse, c’est la première fois que j’suis sortie de la voiture sans dire merci. Merci de quoi ? De m’avoir prise pour une pute ?

Et dire que y avait un siège bébé à l’arrière…