People Always Leave

The antisocial network.

De quoi vivons-nous aujourd’hui ? Pourquoi vivons-nous ? Avant c’était une question de survie. On vivait pour survivre. Paradoxal. On chassait pour bouffer, on baisait pour faire des gosses, on f’sait des gosses pour qu’il nous aide à survivre. Plus aucun de nos gestes n’est primaire. Et avant, c’était il y a dix millions d’années en fait.

L’ère est à la surcommunication et à l’omniscience. J’veux tout savoir sur tout, être nulle part et partout à la fois. L’humain du vingt-et-unième siècle s’adapte vite et bien à tout ce qui l’entoure. Pour cause, il ne travaille plus. L’argent tombe tous les mois, et non plus pour survivre, mais bel et bien pour vivre. L’heure est au loisir. L’Homme aime s’amuser. Il veut pas payer sa facture d’électricité mais il va s’acheter un jeu de Xbox à quatre-vingt euros. L’individualisme a pris le dessus. Et moi je suis née la-d’dans. La preuve, je suis la première à dire oui, les Français sont des glandeurs, mais quoique...ça dépend des gens en fait. Maman nous a toujours généralisé tous les trois. Le frangin n’a pas débarassé son bol, c’est "nous" qui foutons le bordel dans la maison et qui ne rangeons rien. Merde. Ca m’énerve.

Et après ça la prof de français veut que j’lui ponde un texte expliquant mon opinion personnelle, en s’appuyant évidemment sur des références, littéraires de préférence parc’que les vieux savent qu’on matte la téloche, mais ils préfèrent vérifier qu’on lise du Kant ou du Balzac, ou tout simplement qu’on est pas assez con pour ne pas avoir appris par coeur les phrases clés de la-dite prof, sur la réponse à la question "Peut-on rire de tout ?". Réponse : oui. Mais pas avec n’importe qui, tout l’monde connaît la suite.

Bref. A foutre.

J’ai reproché à Dé son manque d’honnêteté ou de courage, il a pas démenti, lorsqu’il m’a lâchement laissé tomber pour son ex d’aujourd’hui. Il s’est excusé. Certes. J’aime pas faire la rabat-joie et la rancunière, mais j’aime pas non plus être prise pour une conne, surtout une deuxième fois. J’ai mis d’la distance. Il n’est qu’une lubie, qu’un passe-temps.

Hier j’suis allée dire bonjour et souhaiter une bonne année à Jonathan à l’atelier. En fait c’était mercredi. Thomas était pas loin, et il me regardait. J’adore. En fait il m’épiait. Il m’avait une fois avoué qu’il serait jaloux si je voyais d’autres mecs. J’l’ai pas pris au sérieux, mais à Noël, au lit, quand il m’a d’mandé avec qui d’autre j’aimerais coucher dans la boîte, et que j’ai mentionné Julien le beau-gosse, il l’a pas mal pris, mais ça l’a titillé. S’il croit que j’ai un faible pour Jonathan, je ne nierais pas. Jonathan c’est l’homme parfait, le gars jamais de mauvaise humeur, toujours souriant, bosseur, ultra gentil, et mignon par dessus l’marché. Il m’avait invité à poser son carrelage dans sa nouvelle maison. Comme j’aurais aimé. Bref. J’attends que le cycle menstruel et mensuel soit passé pour lui rappeler que j’existe. Et au prochain rencard, j’le rencarde sur la bi. J’veux niquer une gonz' bordel !

Ce soir à dix-huit heures dix-sept, alors que Jack et moi étions les derniers au bureau, la question fatidique est tombée. Alors Sara, tu vas faire quoi à la rentrée ? Haha. Good joke. Bon, j’vais pas radoter, mais en est sorti de cet entretien environ trois possibilités.

La première est que j’réussisse mon entrée à l’école d’ingénieur, et que, dans la continuité de cet heureux évènement, j’y parvienne jusqu’au bout, réussité à la clé. Jack me garderait, j’suis prioritaire.

La seconde est que je ne réussise pas mon entrée à l’école d’ingénieur et que, pour rester dans mon service, je m’inscrive à une licence bidon, qui me maintiendra une année à flot dans l’entreprise, avec peut-être au bout une option d’embauche, si d’ici-là un des deux ingénieurs a pris du galon.

La troisième est que j’échoue mon entrée à l’école d’ingénieur et que je postule alors au poste disponible au service Méthodes sous le cheftorat de METCK. Jack serait plus apte à prendre "quelqu’un de sérieux qu’il connaît". Triste sort, mais ça pourrait être pire.

La quatrième, et je n’y avais pas pensé lors de notre entretien, est que je subisse un échec à mon entrée à l’école d’ingénieur et qu’alors, considérant licence bidon comme un pléonasme, je me réoriente vers un truc que finalement je sais déjà faire, mais que je peux largement performer, en repassant par un BTS. Deux ans, c’est que dalle finalement.

Aussi, et on peut le considérer comme la cinquième option, je pourrais tenter un autre concours d’ingénieur dans une région voisine. Loin de me plaire cette idée est pourtant nécessaire. "La jeunesse c’est la mobilité" dixit Papa. Il a toujours raison.

Et finalement, si je rate tout ou si je ne réussi rien, il reste le chômage, l’intérim' et le billet d’avion aller simple. L’extrême, mais l’aboutissement. C’est la sixième option.

Ca reste dans les environs.

Inutile de dire que la première serait la bonne.