People Always Leave

Réminiscence.

J’me souviens de notre voyage de classe. C’était en quatrième je crois. P’t-êt' en troisième, suis plus trop sûre. Nan, en quatrième, puisque la nuit d’avant on était censé dormir dans la piaule de Seb et Flo. Mais j’avais pas osé. C’était pas moi ce genre de connerie. J’me suis dégonflée et suis retournée à notre chambre.

Une autre nuit, on était 5 dans la chambre. C’était l’époque où Jul' était une mytho et que sa vie tournait autour de Laura.

Il y avait deux lits l’un en face de l’autre. J’étais assise sur un avec Margaux et en face il y avait Camille, Laura et Céline (les inséparables). Laura s’est mise à pleurer, Camille aussi. Et puis elle nous a anoncé que Jul' avait eu ses résultats, que c’était une tumeur.

C’était tellement puérile comme situation. J’veux dire, on était des gamines, on savait rien, on imaginait rien, on était juste nous dans cette chambre et le reste du monde n’existait pas. Alors quand j’ai entendu ça, j’ai flanché.

Mon regard est resté dans le vague. Et puis comme je n’étais (et ne suis toujours pas) une vraie fille, j’me suis levée, j’suis allée dans l’autre pièce et j’ai fermé à clé, et j’ai pleuré. Margaux était sur mes talons mais je bloquais la porte. Elles ont commencé à me d’mander d’ouvrir, comme si ma vie, ou notre vie, était en jeu. Un peu à la Fort Boyard : "Ouvre Sara ! Ouvre ! Allez, fais pas la conne". Mais qui faisait la conne réellement dans cette histoire ? ! Finalement elles ont réussi à entrer et là j’ai collé ma tête contre le mur, mes bras autour. J’voulais vraiment pas qu’elles me voient pleurer.

Au final j’ai fini allongée sur un lit, la tête sur les g’nous de Margaux qui me caressait les ch’veux. Entre temps Laura Céline et Camille sont allées réveiller les profs, leur disant qu’le fardeau était trop lourd à porter, complètement paniquée, bla bla bla. J’étais loin d’tout ça. Très loin.

Le lendemain, c’était oublié.