People Always Leave

Le clown.

Cet après-midi, 4h de méca. Bien sûr, comme d’hab', Sylvestre a fait son p’tit numéro et, entres autres, a balancé ses feutres par terre, parc’que ça le saoulait d’les avoir en main, ou j’sais pas exactement ses motivations. Enfin bref, toujours est-il qu’apparemment quelqu’un les lui avait piqué, j’avais pas suivi ça. En tout cas après la récré ils étaient dans ma trousse. Etonnée d’les voir là, je crie haut et fort à mon innocence et cherche le responsable. Robess : "C’est lui.". "Qui lui ?". "Lui !" me dit-il en me montrant le prof de la tête. "Le clown qui nous sert de prof ?".

Bon ben là bien sûr, clameur dans la salle, visages effarouchés, des "j’aurais pas aimé" qui fusent. Sylvestre qui me fixe droit dans les yeux, et les siens n’étaient pas rieurs pour une fois.

Bon bon, j’y suis p’t-êt' allée un peu fort, mais merde ! Pourquoi y’aurait qu’lui qui aurait l’droit d’être provocateur ! Déjà qu’il me balance toujours les feuilles qu’il distribue avec un dédain incroyable. Je le lui ai fait remarqué d’ailleurs aujourd’hui ! Il m’a repris : "Avec mépris.". Genre il me méprise.

En tout cas ça a un peu changé l’atmosphère après, je trouve. Surtout qu’on a eu une interro, et il ne voulait plus répondre aux questions. Bien sûr j’ai quand même posé les miennes, auxquelles il a répondu. Mais j’sais pas, tout d’un coup il avait l’air calmé. Bon il a quand même traité de bande de blaireaux 4 flics qui fouillaient pendant 30 minutes un mec en vélo. Normal, en jogging et casquette Lacoste tu passes pas inaperçu de nos jours.

A la fin du cours, quand tout l’monde est sorti, j’me suis quand même excusée auprès de lui : "Je m’excuse.". "Pourquoi ?". "Pour c’que j’ai dis.". "Qu’est-c’que tu as dis ?". "........rien.". "Ben alors pourquoi tu t’excuses ?". "Nan mais j’m’excuse quand même !". "Pourquoi ?". "Pour c’que j’ai dis.". "Mais t’as dis quoi ?". ".......rien.". "Pourquoi tu t’excuses alors ?". "Vous vous répétez.". "C’est le principe même de mon travail.". "Bon, je m’excuse quand même alors acceptez-les.". "J’accepte.". "Ok.". Et j’suis partie.

Ahlàlà, quelle histoire ! J’sais pas pourquoi j’ai pas osé lui répéter c’que j’avais dis. Ca aurait comme rajouté une couche. J’sais pas. T’façon il l’a très bien entendu, je l’ai dis pour. Et j’me suis excusée, donc bon. Mais j’me suis dis que p’t-êt' comme ça il paraît pas touché par ma remarque (bien qu’il avait dit que c’était pire que d’se faire traiter de boulangère) mais j’espère qu’il se vengera pas sur l’interro ou au conseil de classe. Dans tous les cas j’assume mais ça s’rait pas fair-play d’sa part. Lui qui a "plus d’humour que moi". Et puis honnêtement, à ses yeux, j’dois vraiment passer pour une gamine…