Je suis vidée. Littéralement vidée. Je n’ai plus envie de rien. Je n’ai plus faim. J’ai deux de tensions. Je me trimballe de pièces en pièces. Ma voix est devenue plus grave, presque inaudible. Je n’arrive plus à me concentrer. Je n’arrive plus à écouter quelqu’un me parler. Ma vie a pris l’apparence d’un vide spatial, où je serais seule sur une petite île flottante dans cet espace. Mon cœur est à ramasser à la petite cuillère, et je n’ai même pas le courage de le faire… Enfin, il me l’a dit. "J’ai peut-être quelqu’un". Tout d’un coup tout s’effondre autour de moi. Un sentiment me parcours le corps. Ma vue est brouillée. Je me recroqueville. Et je ne peux plus rien faire d’autre. Alors c’était donc ça. Son absence, son mutisme. Il a rencontré une femme et il sent qu’il peut se passer quelque chose. Voilà comment j’interprète ses dires. Il est sûr de rien, mais en gros, c’est ça. J’ai su tout de suite. Tout est fini. Mes espoirs, mes rêves, tout est mort. Il a fait un pas dans sa vie. Moi, j’ai loupé une marche et j’ai dévalé la pente jusqu’en bas. Concrètement, je m’en fiche de cette fille. Je suis pas jalouse. Je suis même contente pour lui. J’espère que ça va marcher entre eux, qu’il va être heureux avec elle, sincèrement, je l’espère… Il le mérite. Probablement qu’elle est moins compliquée. Probablement qu’elle n’a pas de limites. Elle, elle est réelle à ses yeux. Moi, je n’ai que fait le faire souffrir parce que je suis comme je suis. Parce que je ne voulais moi-même pas souffrir. Parce que j’avais peur. Suis-je trop égoïste ? Je ne l’espère pas. Il me disait que c’était normal, vue notre situation. Enfin, il me disait beaucoup de choses aussi… "Je t’aime, mais c’est compliqué". Oui, je le sais bien. D’ailleurs, pour ton bonheur, je vais faciliter les choses mon amour, contrairement à toi, je vais disparaître. Contrairement à ce que tu dis, toi et moi c’est fini, depuis bien longtemps. J’étais prête à beaucoup de choses, encore une fois, je te le re-dit. J’étais sincère. Je le suis toujours. Mais il y a Elle, et tu t’éloignes, de plus en plus. Tu te souviens de mon rêve ? A certaines choses près, il se réalise. Tu La trouve et on s’éloigne jusqu’à se perdre de vue. Mais moi, je ne t’oublierai pas, jamais. Je ne peux pas. C’est impossible. C’est pas "moi"... Mes yeux sont vides et flous, et rougis… J’ai envie de pleurer dès que quelqu’un me parle. Mon nez ne cesse de couler. Je fais passer mon état par un rhume parce que j’ai pas envie de parler. Si ça ne tenait qu’à moi, je resterai allongée toute la journée dans mon lit. A penser. A pleurer. Je ne sais pas comment je vais réussir à reprendre le cours de ma vie. Je me dis que je devrais en profiter pour renforcer mes efforts dans ce que je fais. Ça me changerait surement les idées. Mais quand est-ce que le courage me viendra-t-il ? En écrivant ce journal, j’avais horriblement peur qu’il le découvre. Maintenant, au moins, il saurait...